En déplacement à Mulhouse, le président Macron a annoncé hier soir l’opération militaire Résilience pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Dans le secteur de la Santé, un «plan massif d’investissement et de revalorisation des carrières» a également été annoncé tandis que paraissent aujourd’hui des ordonnances ouvrant aux employeurs la possibilité d’imposer ou de déplacer des congés ou encore d’augmenter la durée légale du temps de travail…
Le ton hier soir était martial. Emmanuel Macron a prononcé cinq fois le mot «guerre» dans son allocution. La métaphore guerrière aura ainsi été filée pendant 14 minutes jusqu’à ce que le Chef de l’État annonce l’opération militaire Résilience qui «sera entièrement consacrée à l’aide et au soutien aux populations, ainsi qu’à l’appui aux services publics pour faire face à l’épidémie, en métropole et en Outre-mer».
Trois lignes de front
Toutes et tous transformé.e.s en soldats de la République, les Françaises et les Français ont été positionné.e.s en trois lignes de front contre cet «ennemi invisible» qu’est le Covid-19.
En première ligne, les soignant.e.s (auxquels nous rendons hommage dans notre blog); en deuxième ligne, les personnes se rendant encore au travail (agriculteurs, caissières, livreurs, etc.); et en troisième ligne, le reste de la population confinée.
Plan pour l’hôpital
Le plan d’investissement destiné à l’hôpital et aux soignant.e.s constituera, a dit le Président, une réponse «profonde et dans la durée» à la crise que connaît l’hôpital depuis des années (nous y consacrions en juin 2019 un dossier dans le Stéphanais n°262). Les soignant.e.s recevront en outre à court terme «une prime exceptionnelle».
Une ordonnance parue au Journal officiel de ce jour «porte à 70 milliards d’euros le montant dans la limite duquel les besoins de trésorerie du régime général de sécurité sociale pourront être couverts en 2020.»
Les chômeurs voient leurs droits prolongés. La trêve hivernale est également prolongée de deux mois.
Ordonnances salées
Mais la plupart des quelque 25 ordonnances publiées ce jour concerne le soutien à l’économie du pays, via des aides aux indépendants et aux entreprises.
Les employeurs, à condition qu’ils aient l’aval d’un accord d’entreprise ou de branche, ont désormais la possibilité jusqu’au 31 décembre, de porter la durée quotidienne du travail à douze heures maximum; de réduire le temps de repos quotidien à neuf heures au lieu de onze heures; d’allonger la durée hebdomadaire de travail à soixante heures et celle de nuit à quarante-quatre heures; de déroger au repos dominical en instituant un autre jour de repos hebdomadaire.
Les soldats de «troisième ligne» devront donc contribuer à l’effort de «guerre» en abandonnant encore une partie de leurs droits à une économie qui, comme en 2008, compte sur l’effort des travailleurs et des deniers publics pour s’en sortir. Et en continuant à creuser l‘«écart fiscal» du pays?