La contestation s’organise pour sauver la forêt du Madrillet

Une quinzaine d’associations et de collectifs écologiques de la Métropole ont protesté, mercredi 17 juin, contre les projets de constructions qui amputeront 65 hectares à la forêt du Madrillet. Leur appel a fédéré plusieurs centaines de personnes derrière un slogan commun: «La déforestation s’arrête ici !».

Au moins 300 personnes étaient rassemblées hier, mercredi 17 juin, à l’entrée de la forêt du Madrillet pour protester contre la déforestation programmée de 65 hectares de terres boisées. Sur cette zone à cheval entre les communes de Petit-Couronne et Saint-Étienne-du-Rouvray, les projets «Rouen Normandie Innovation» et «We Hub» doivent sortir de terre d’ici plusieurs années, mais pelleteuses et bétonnières sont d’ores et déjà en action.

«Nous refusons qu’un écosystème qui a mis des années à se construire soit remplacé par du béton. Il est possible d’installer les sièges d’entreprises, les bureaux, les restaurants, les laboratoires ou les hôtels trois étoiles ailleurs ! », résume Philippe Vue, l’un des porte-paroles de l’association Bouillons Terres d’Avenir qui milite pour sauvegarder les terres agricoles de la Métropole Rouen Normandie. Organisée par la « coalition climat » (réunissant une quinzaine d’associations et collectifs de la Métropole) cette mobilisation répondait à l’appel national du 17 juin pour «agir contre la réintoxication du monde».

Une pétition adressée à la Métropole

Pour sauver la forêt du Madrillet, le collectif Youth for climate – Rouen a lancé une pétition en ligne intitulée «Empêchons la destruction de la forêt du Madrillet» qui réunit déjà plus de 6.000 signatures. Elle sera envoyée au nouveau président de la Métropole le 16 juillet, jour de son investiture. «Ces projets sont inscrits dans le plan local d’urbanisme intercommunal (Plui), c’est donc la Métropole qui est maître d’ouvrage sur ce dossier», appuie le maire de Saint-Étienne-du-Rouvray, Joachim Moyse.

Concernant le projet d’extension du technopôle sur la commune, le maire explique que cela s’inscrit dans le prolongement d’un programme décidé dans les années 1990. «Je veille aujourd’hui au respect du cahier des charges qui indique la nécessité de préserver l’environnement, et de compenser l’enlèvement des espaces boisés.»

Des mesures de compensation

Une note de la société publique locale (Spl) Rouen Normandie Aménagement prévoit en effet, pour l’ensemble de la ZAC d’Extension du Madrillet, «une compensation de la destruction d’habitats naturels» par «une restauration sur un autre site de la Métropole». Acquis à cette fin par la Métropole, en 2016, le site des terres du Moulin à vent sur la commune de Bardouville fait 230 hectares, soit plus de cinq fois la surface impactée sur le secteur du Madrillet. «Ces mesures sont ridicules, on ne peut pas prendre un écosystème pour le replacer ailleurs, assure Eric Laugerotte, secrétaire CGT université de l’Insa Rouen, l’institut national des sciences appliquées situé sur le Technopôle de Saint-Étienne-du-Rouvray. D’autant qu’il existe d’autres sites à aménager sur d’autres communes pour les projets en cours.»

D’après l’association Bouillons Terres d’Avenir, le nouveau Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (Plui) menacerait aujourd’hui pas moins de 1020 hectares de terres naturelles ou agricoles sur toute la Métropole, dont 135 sur la commune de Saint-Etienne-du-Rouvray. Les associations écologiques sont prêtes à déposer des recours juridiques contre ces différent projets.
Affaire à suivre, donc, d’autant que cette manifestation commune en appelait déjà d’autres. «C’est aujourd’hui une mobilisation du monde d’après, je suis ravi de voir autant de jeunes s’impliquer, explique Jean-Yves Chopard d’Alternatiba-Rouen. Les collectifs se créent et se multiplient, on espère se retrouver pour toutes les luttes à venir, ce n’était qu’un premier rendez-vous !»

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