À l’approche de Noël, il manque un air de fête. Le deuxième confinement a surpris les commerçants de proximité même si tous ne sont pas logés à la même enseigne.
Début novembre, quatre-vingts maires de Seine-Maritime – dont Joachim Moyse – publiaient une lettre ouverte au président de la République et au Premier ministre, pour les alerter sur le risque que faisait courir le deuxième confinement aux commerces de proximité. Pour certains, cette fermeture forcée a fait l’effet d’une douche froide. « Je ne m’y attendais pas », avoue Carmen Panadero qui tient la boutique de prêt-à-porter As de cœur, avenue Olivier-Goubert. Si, au premier confinement, elle arrive à s’en sortir grâce aux mesures de soutien mises en place et un peu trésorerie elle vit plutôt mal cette nouvelle mise en quarantaine. « Comme beaucoup, je me suis mise au Click & Collect, à partir de ma page Facebook », explique-t-elle.
Une « punition »
Avec des journées à rallonge pour prendre en photo la marchandise, organiser les rendez-vous, les éventuelles reprises, Car- men Panadero sauve au moins la moitié de son chiffre d’affaires. C’est aussi l’option qu’a choisi le fleuriste, situé à deux pas rue Léon-Gambetta : « L’espace presse est resté ouvert et on a mis une table dehors pour les commandes passées sur les réseaux sociaux », indique de son côté Isabelle Torreton.
Nathalie Pelfrene, qui tient le salon de coiffure Nath & Meches au centre commercial du Château blanc en revanche ne décolère pas, avec ce sentiment « qu’il y a eu deux poids deux mesures ». « Pendant un mois, je n’ai pas pu travailler et il n’y aura pas de rattrapage. Pourtant le salon est aéré, nous avons respecté tout le protocole sanitaire. Ce deuxième confinement a été pour nous comme une punition ! » Quant aux promesses d’aides, Nathalie Pelfrene les mesure surtout à la réalité de son compte en banque. Et pour l’instant, le compte n’y est pas. « Je n’ai pas pu obtenir l’aide aux loyers* mise en place par la Métropole de Rouen et la banque n’attend pas pour prélever les agios. »
Autre son de cloche du côté des commerces alimentaires qui admettent ne pas avoir à se plaindre. « Beaucoup de personnes étant en télétravail et les restaurants étant fermés, nous avons été très sollicités durant le premier confinement – en particulier pour les livraisons – moins pour le second confinement, mais nous avons gardé les nouveaux clients », souligne Éric Thomas, primeur rue Olivier-Goubert. « Nous avons récupéré une clientèle de quartier », confirme Hervé Pruvost qui tient, lui, le bar-tabac presse devant le parc du Champ des Bruyères, plus touché par les travaux menés autour de l’ancien hippodrome.
Vente à emporter
Plus difficile est la situation des restaura- teurs pour lesquels le confinement a été prolongé jusqu’au 20 janvier. Ceux qui le peuvent se rabattent sur la vente à emporter et attendent eux aussi « les aides promises par l’État », résume Jocelyne Ressencourt du restaurant Le Commerce, rue Lazare-Carnot. L’enseigne travaille surtout avec une clientèle d’entreprises et a gardé le lien là encore grâce à sa page Facebook.
Entre le 9 et le 12 novembre 2020, une enquête flash réalisée par la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Normandie auprès de 400 commerçants normands montrait que 56 % d’entre eux avaient trouvé une solution pour vendre leurs produits à distance et à 70 % grâce aux réseaux sociaux. À l’occasion du deuxième confinement, la CCI mettait en place, en partenariat avec La Poste, une boutique de vente en ligne « Ma ville mon shopping » accessible aux commerçants. Mais, pour la plupart, ces derniers ont préféré jouer la carte de la proximité avec ce qui reste leur meilleur atout : leur clientèle. « Les gens ont été très solidaires et ça a fait chaud au cœur ! » reconnaît Carmen Panadero.