Le groupe Rossel a annoncé la fermeture de l’imprimerie de Paris-Normandie d’ici la fin juin. Les dix-sept ouvriers devraient être licenciés. Des négociations sont en cours.
Installée à Saint-Étienne-du-Rouvray, l’imprimerie du quotidien régional Paris-Normandie devrait fermer ses portes le 30 juin prochain. Neuf mois seulement après la reprise du titre par le groupe de presse belge Rossel, l’annonce est ressentie comme une ultime trahison par les dix-sept ouvriers du livre en poste*. À l’été, le journal devrait être imprimé près de Lille dans l’imprimerie du groupe à La Pilaterie à Marcq-en-Barœul. Face à ce cinquième plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui se profile pour la Société normande d’information médias (SNIM), éditrice de Paris-Normandie, l’essoufflement des salariés est manifeste. Acceptée par le tribunal de commerce de Rouen en juin 2020, l’offre de reprise du groupe Rossel prévoyait une poursuite de l’activité sur le site moyennant le passage de trente-trois salariés à dix-sept. Syndicat majoritaire dans l’entreprise, la CGT Filpac avait soutenu cette offre, «ne faisant plus confiance» au propriétaire précédent, Jean-Louis Louvel, et à «ses sept millions d’euros d’ardoise», explique Christophe Mulot, représentant du personnel et délégué syndical CGT-Filpac.
«Désabusé et fatigué»
«On devait tenir deux à trois ans avant de voir les choses en mieux. C’est comme ça que l’on nous a vendu l’affaire. Et aujourd’hui on est remerciés comme des chiens», explique pour sa part Loïc Mautalet. À 44 ans, dans la lignée de son grand-père et de son père qui ont fait toute leur carrière à Paris-Normandie, le rotativiste se dit «désabusé, fatigué» après vingt-cinq ans de bons et loyaux services. Fin mars, le tirage des trois éditions du journal pour Rouen, Le Havre et Évreux s’élevait à 40 000 exemplaires pour «32.000 ventes espérées». «On ne nie pas la réalité économique. Les ventes ont beau–coup chuté avec la Covid. La publicité s’est effondrée. Le mois dernier un commercial a réalisé 500 € de chiffre d’affaires, constate Christophe Mulot. Le plus important, c’est que personne ne reste sur le carreau et que le titre survive.»
«Une direction à l’écoute»
D’après le délégué syndical, la direction est dans l’obligation légale de proposer un reclassement aux salariés. Ces derniers, dont la moyenne d’âge est de 51 ans, doivent indiquer s’ils acceptent ou refusent ces propositions, cela pouvant impliquer de déménager à plusieurs centaines de kilomètres pour continuer à travailler pour le groupe Rossel, sans certitude, au vu du contxte économique actuel, que les imprimeries d’arrivée ne ferment pas d’ici quelques années. «On a une direction à l’écoute qui fait ce qu’il faut. Nous sommes confiants pour trouver une solution collective et individuelle, défend Christophe Mulot. On négocie la mort dans l’âme, on aurait bien sûr préféré ne pas perdre nos emplois.» Pour les salariés, l’objectif est désormais d’obtenir une solution leur permettant de rebondir et de trouver un autre emploi. Quant à la rotative achetée en 2015 en Angleterre pour 3 millions d’euros, elle devrait être au fil des mois démantelée au gré des demandes de pièces détachées émises, notamment, par le groupe Rossel.
*Contactée, la direction a indiqué ne par souhaiter communiquer pendant la procédure de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), par respect des négociations en cours avec les représentants du personnel.