Normalement, c’est l’heure où elles sont à la cantine. Mais ce mardi midi, dernier jour de l’année scolaire, la soixantaine d’Atsem des écoles maternelles de la Ville se sont mises en grève et se sont retrouvées devant la mairie, soutenues par quelques parents d’élèves, pour manifester leur inquiétude face aux conséquences des dédoublements de classes de grandes sections dans les écoles Maximilien-Robespierre et Jean-Macé, à la prochaine rentrée.
Un (ou plus souvent une) Atsem est un agent territorial spécialisé des écoles maternelles. Son rôle est d’accueillir les enfants le matin et de les accompagner tout au long de la journée ou pendant les sorties, d’assister les enseignants dans certaines tâches et d’assurer le rangement et l’entretien des équipements scolaires. A Saint-Étienne-du-Rouvray, toutes les écoles maternelles ont des Atsem, à raison d’une par classe.
À partir de la rentrée prochaine, dans les écoles Jean-Macé et Maximilien-Robespierre, toutes deux classées en réseau d’éducation prioritaire REP +, les classes de grande section de maternelle seront dédoublées. C’est la règle au niveau national. Ce qui veut dire, la séparation d’un groupe classe en deux groupes dans deux salles séparées avec moins d’élèves (15 maximum par groupe) et un ou une enseignante par groupe. L’Éducation nationale dote les écoles concernées d’enseignants pour la mise en place de ce dispositif. Mais pas d’Atsem, car les Atsem sont employées et payées par la commune. Qui n’a pas forcément les finances pour créer ces postes supplémentaires. C’est une question d’arithmétique : une classe avec un enseignant et une Atsem devient deux demi-classes avec deux enseignants et… toujours une seule Atsem, qui devrait donc naviguer dans sa journée entre deux salles et deux groupes différents de quinze enfants.
Le statut compliqué des Atsem
Avec deux groupes d’enfants à gérer et deux salles à entretenir, les Atsem qui – déjà, expriment un malaise plus général et ancien que cette question du dédoublement des classes –, pointent une surcharge de travail. Leur statut est compliqué : elles sont employées municipales dans une communauté scolaire qui dépend de l’Éducation nationale et leur travail est multiple et ardu, de l’accompagnement pédagogique à l’entretien des salles ou la toilette des enfants… Pour les Atsem, l’année scolaire 2020/2021 a été rendue encore plus éprouvante en raison des contraintes sanitaires en milieu scolaire.
Seulement deux classes stéphanaises seront concernées par le dédoublement à la prochaine rentrée. Mais il y aura sans doute d’autres dédoublements de classes aux rentrées suivantes. Lors de l’annonce du dédoublement des deux classes de grande section à Jean-Macé et Maximilien-Robespierre, les Atsem ont d’abord exprimé leur inquiétude sur les réseaux sociaux. Joachim Moyse, le maire, leur a répondu à chaud, et fermement. “Il y aura toujours une Atsem par classe à Saint-Étienne-du-Rouvray, ce qui n’est pas le cas dans toutes les communes. Si la classe est divisée en deux demi-groupes, on reste avec une Atsem. Ce n’est pas une Atsem par groupe, sinon on n’y arrivera pas. Ces dédoublements relèvent d’une décision de l’État qui ne l’accompagne d’aucun moyen financier pour notre Ville. Je vous laisse imaginer si l’État décidait de faire quatre groupes par classe… En plus, je vous informe que pour faire face aux absences, nous avons créé l’an passé six postes supplémentaires. L’enfance et l’éducation sont des priorités pour moi.” Par ailleurs, trois classes de maternelle ouvriront en ville à la prochaine rentrée, dans les écoles Victor-Duruy, Paul-Langevin et Maximilien-Robespierre. Une Atsem sera bien affectée à chacune d’entre elles.
Courrier au ministre
Mardi devant la mairie, les Atsem s’expriment à nouveau. “On pense d’abord aux enfants, on est là pour eux. Travailler avec deux groupes de 15 élèves, c’est beaucoup. Et sur deux salles, c’est plus de temps pour l’entretien et moins pour la pédagogie, les activités. Dans les faits, c’est moins de personnel pour des enfants pourtant en difficulté.” Du côté de la mairie, qui a reçu et entendu une délégation des Atsem à deux reprises, on partage les inquiétudes et les craintes du personnel communal. Une solution discutée avec la délégation pourrait être de garder les classes dédoublées en deux groupes avec deux professeurs dans la même salle, ce qui permettrait au moins à l’Atsem d’être physiquement présente aux côtés de tous les élèves de la classe en même temps. Mais la mise en place de cette organisation dépend de l’Éducation nationale.
Après avoir reçu une pétition signée par environ 850 personnes (Atsem, parents et enseignants), la Ville s’est engagée à écrire au ministre de l’Éducation nationale pour l’alerter sur les difficultés à appliquer le dédoublement des classes et demander des moyens budgétaires. Si les lignes bougent pendant les vacances, les représentants des Atsem en seront informés, en espérant une issue satisfaisante pour tout le monde à la rentrée.