Sous le nom de « Just 4 Elles », quatre Stéphanaises participent fin février à un trek dans le désert marocain. Un défi sportif repoussé depuis deux ans pour cause de Covid, et une histoire d’amitié avant tout.
(Article initialement paru dans Le Stéphanais n°291)
Le 28 janvier, le Maroc a annoncé la réouverture de ses frontières. On peut imaginer la joie et le soulagement de Marie-Hélène Cordier, Céline Caumont, Émilie Pousset et Nathalie Chatillon. Deux ans que les quatre copines attendent ça. Le 1er mai 2019, elle se sont inscrites pour le trek « Elles marchent », qui devait se dérouler début mars 2020 dans le Sahara marocain. La veille du départ, premier confinement oblige, tout est annulé. Puis reporté, puis encore annulé et finalement reprogrammé en février 2022. La traversée du désert, mais pas comme elles l’imaginaient.
Normalement, cette fois-ci est la bonne : le 25 février, elles devraient être dans l’avion, direction Errachidia, puis début du trek dans le désert. Ensuite, quatre jours de marche, à raison de 30 kilomètres par jour, en se guidant à la carte et au compas. Le GPS est interdit et les téléphones portables sont même confisqués le temps de l’épreuve.
Exclusivement réservé aux femmes, par équipes de quatre, ce trek réputé accueille près de 500 participantes. Les quatre Stéphanaises ont choisi le nom d’équipe « Just 4 Elles ». Pas en référence à la mythique petite Renault 4L (qui pourtant a emmené des générations de routards dans le désert), mais parce que ce projet, elle l’ont d’abord fait pour elles, juste pour elles. Pour faire un break dans leur quotidien et vivre une aventure exceptionnelle.
30 kilomètres à pied
Les Just 4 Elles ont dix enfants (en tout, pas chacune). Elles se sont connues mamans à l’association de parents d’élèves de l’école Jeanne-d’Arc, puis sont devenues amies. C’est Marie-Hélène, ostéopathe à Saint-Étienne-du-Rouvray, qui a entraîné et convaincu les trois autres. « Une amie stéphanaise, qui avait gagné ce trek en 2018, m’en a parlé et m’a donné envie. C’était une année compliquée pour moi, j’avais besoin de m’accrocher à ce projet, j’ai fini par en rêver la nuit. »
Elles sont ou ont été plus ou moins sportives, mais pas du tout entraînées à la marche longue distance. Au début, elles marchent cinq kilomètres et ça leur semble énorme. Émilie est enceinte de sa petite dernière quand elle a commencé à s’entraîner. Quelques mois après, elle contine avec son bébé sur le dos… Pendant le premier confinement (celui avec les attestations de sorties, souvenir souvenir), elles profitent de leur heure de sortie quotidienne pour se retrouver et marcher dans un rayon d’un kilomètre.
Depuis deux ans, elles ont eu le temps de trouver des sponsors, de se faire connaître, d’avoir des fans qui les soutiennent et parfois marchent avec elles. Aujourd’hui, elles peuvent s’entraîner 30 kilomètres par jour, « sans marcher en canard le lendemain ». Elles marchent dans la région ou ailleurs, en vacances, en bord de mer ou sur la dune du Pilat pour s’entraîner au terrain sableux et au dénivelé.
Le collectif avant la compète
Physiquement, elles sont prêtes. Et mentalement, elles ont l’atout d’être amies. « Pour le trek, il y a des filles qui rencontrent leur équipe à l’aéroport, elles ne vivent pas dans la même ville. Nous on se connaît et on se complète : Nathalie est rassurante, Marie-Hélène a besoin d’être rassurée, Céline est un petit volcan qui peut exploser à tout moment, Nathalie et Céline savent naviguer, moi je ne sais pas naviguer mais mon leitmotiv c’est « ta gueule et avance ». Le défi est sportif, mais aussi humain. On est amies, on s’amuse, mais notre relation est mise à l’épreuve. L’objectif c’est de rester amies après ça », rigole Émilie.
Pour faire ce trek, il ne suffit pas de mettre un pied devant l’autre, il faut aussi savoir s’orienter. Comme toutes les participantes au trek, elle ont suivi un stage de navigation. Penchées sur une grande carte, elles révisent et expliquent comment s’orienter avec des coordonnées, une règle et une rose des vents. Chaque soir, de nuit et à la lampe frontale, elles calculeront leur route pour le lendemain.
Pas de risque de se perdre : l’organisation remet les brebis qui s’égarent dans le droit chemin et assure les repas et le bivouac tous les soirs. Le dernier jour, elles participeront à des actions solidaires dans un village marocain. « Ce trek est une compétition, mais le classement ne nous intéresse pas. Le challenge, c’est d’arriver au bout », disent-elles d’une seule voix.
Privées de téléphones portables, les Just 4 Elles ne communiqueront pas sur les réseaux sociaux en direct, mais on pourra suivre le périple de leur équipe (balise n°37) en direct sur le site trekellesmarchent.com.