Les banlieues sont souvent considérées comme des villes à histoires. Mais sans histoire… Idée reçue que le seul nom de Saint-Étienne-du-Rouvray bat en brèche en résumant plus de 2 000 ans d’histoire. Ce nom associe Saint-Étienne (titulature de l’église) et la forêt du Rouvray, forêt de chênes rouvres, qui la borde au sud sur 2 300 hectares.
Il était une fois Saint-Étienne-du-Rouvray
L’histoire de la ville commence au néolithique et porte trace des grands événements historiques : époque gauloise, conquête romaine, invasions vikings, développement et puissance des abbayes au Moyen Âge, installation d’une société agricole et rurale remise en cause par la révolution industrielle accompagnée de l’urbanisation.
Au fil des ans et des transformations, des arrivées de population, la ville s’est forgée une histoire et une mémoire, dont certains lieux portent encore témoignage : église, anciennes fermes, habitat ouvrier, maisons suédoises, logements du Château blanc issus de l’urbanisme des trente glorieuses…
Cette mémoire est également inscrite au fronton de certains bâtiments publics dont les noms rendent hommage aux personnalités qui ont marqué la vie locale : Marcel Porzou, mort en déportation, donne son nom à la piscine. Georges Déziré, résistant, fusillé suite à une tragique erreur par ses camarades de combat, dont la réhabilitation est passée par la dénomination de l’espace qui accueille centre socioculturel, bibliothèque et conservatoire de musique et de danse à rayonnement communal.
Plus récemment, la ville a été le lieu d’un des attentats terroristes qui ont tragiquement marqué l’histoire contemporaine : l’assassinat, dans son église, du prêtre catholique Jacques Hamel… Éprouvée, meurtrie, la population stéphanaise a su faire face au drame en gardant son unité. Plus que jamais, le bien vivre ensemble l’a emporté sur les haines et la division.
Le Saint-Étienne-du-Rouvray d’aujourd’hui est l’héritier d’une longue histoire. Des outils néolithiques (2 000 ans avant JC) tout comme des traces d’habitat gallo-romain (200-300 ans après JC) témoignent d’une occupation ancienne du site en bordure des zones anciennement inondables, aux alentours de l’actuelle avenue du Bic Auber.
Un hameau appelé Sancti Stephani et dépendant de l’abbaye de Saint-Wandrille est signalé au IXe siècle dans une charte royale.
Marques de l’arrivée puis de l’implantation des Vikings tout au long de la Seine, des toponymes d’origine scandinave (la Haie Brout, les Longs Boëls, le fossé Roger) se rencontrent encore dans certains quartiers.
Le bourg se développe ensuite le long de la route reliant Rouen à Paris.
Aux XVe et XVIe siècles, la paroisse compte cinq cents habitants. La population cultive les terres arables en bord du fleuve et pratique l’élevage sur les terres incultes, forêts, landes et taillis. L’église Saint-Étienne rue de Paris, construite au XVIe siècle, dépendait de l’évêché de Lisieux.
À la Révolution, en 1790, Saint-Étienne-du-Rouvray se constitue en commune avec administration politique.
Le bourg commence à prendre son caractère urbain et industriel à partir de la moitié du XIXe, avec l’arrivée du chemin de fer et les débuts de la révolution industrielle.
En 1843, l’arrivée du chemin de fer ouvre la voie au développement de la commune. Les premiers trains à vapeur de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest relient Paris à Rouen.
L’arrivée du train favorise l’implantation d’entreprises. Le bourg rural devient peu à peu une cité industrielle.
En 1865, la Société cotonnière s’implante à Saint-Étienne-du-Rouvray. Elle est alors la plus grosse entreprise de Normandie et emploiera jusqu’à 2 000 personnes. La ville commence à changer avec l’implantation de nouveaux quartiers construits pour les ouvriers, comme la Cité neuve, de nouvelles rues…
Au début du XXe siècle, l’ouverture des ateliers ferroviaires de Quatre-Mares (1913), l’arrivée de la Fonderie Lorraine en 1916 et des Papeteries de la Chapelle (1928) viennent renforcer le caractère industriel de la ville.
Dans le même temps, les premières grèves et grands mouvements de revendication forgent la conscience ouvrière. 1911 est ainsi marquée par une importante grève des salariés de la Cotonnière qui réclament la journée de 10 heures.
Les solidarités s’organisent comme en témoigne la création de l’Émancipation par les ouvriers de la Cotonnière, en 1893. Cette société coopérative obtient des prix bas pour les denrées de première nécessité, mais offre également un secours aux malades et colis aux grévistes.
Après la Première Guerre mondiale et la révolution bolchevique d’octobre 1917, la conscience ouvrière trouve également une expression politique. En 1923, trois ans après le congrès de Tours qui voit se séparer la majorité communiste (SFIC) de la minorité socialiste (SFIO), Saint-Étienne-du-Rouvray est l’une des premières villes de France à devenir communiste.
En 1935, alors que la Société cotonnière ferme, dans un contexte de profonde récession, la commune et de nombreux Stéphanais adhèrent au Front populaire.
Les reconstructions de l’après-guerre sur la région rouennaise bouleversent la géographie de la commune.
L’État choisit d’implanter un grand ensemble de 3 000 logements collectifs, à l’urbanisme totalement novateur, avec ses îlots ceinturés de périphériques : la cité du Château blanc, sur le plateau du Madrillet.
En dix ans, de 1954 à 1965 la population double, passant de 15 000 à 30 000 habitants.
À partir des années 1970, la municipalité freine les projets qui visent à faire de Saint-Étienne-du-Rouvray une ville de 70 000 habitants. D’autant que les conséquences de la crise économique et sociale sont durement ressenties par la population.
Dans les années 1980, la crise s’accentue et frappe les activités industrielles qui ont façonné la ville et notamment sa conscience ouvrière, contribué à ses ressources et favorisé l’intégration des habitants.
Le conflit de la Chapelle Darblay, qui porte sur un millier de suppressions d’emplois chez ce fabricant de papier pour les journaux et magazines, marque les années 1983-1984.
Le conflit connaît une répercussion nationale, alors que d’autres conflits sociaux portent sur la défense des mines, de la sidérurgie ou de l’industrie automobile.
Le chômage et la précarité pèsent sur les conditions de vie et, dans les quartiers, la mixité sociale recule.
Au début des années 1990, face aux difficultés accumulées, la Ville choisit de réagir sur deux fronts. À la défense de l’outil industriel s’ajoute l’anticipation des besoins à venir, avec un urbanisme repensé grâce aux dispositifs de la politique de la ville et à la diversification du tissu économique.
Au tournant du millénaire, la Ville décide de s’engager dans un programme sans précédent de renouvellement urbain. Elle s’appuie sur les atouts du territoire : situation géographique à l’entrée de l’agglomération et au cœur de la Métropole, importantes disponibilités foncières, desserte par les transports en commun, en particulier le métro, environnement privilégié grâce à la forêt…
Un vaste programme d’opérations de renouvellement urbain transforme en profondeur le territoire communal tout en s’appuyant sur les valeurs municipales d’humanisme et de solidarité héritées du monde du travail.
Le nouveau visage de Saint-Étienne-du-Rouvray dessine un habitat déconcentré, de nouvelles activités économiques et l’ouverture à la haute technologie, grâce au technopôle. De nouveaux quartiers sortent de terre, de nouvelles rues voient le jour, de nouvelles entreprises se créent et se développent… une ville réinventée prend corps.
La population approche désormais les 30 000 habitants.
Un ambitieux programme de développement urbain, avec la création d’un quartier sur les friches comprises entre la Houssière et les Cateliers, devrait permettre d’atteindre 35 000 habitants en 2025.
Membre de la Métropole Rouen Normandie, Saint-Étienne-du-Rouvray entend devenir un des pôles de développement sud de l’agglomération.