Le 21 novembre, des centaines de manifestantes et manifestants se sont mobilisés contre le démantèlement programmé de Fret SNCF
Le train est attaqué de toutes parts. On n’est pas dans un western en noir et blanc avec des cowboys et des indiens, mais dans le monde de l’économie libérale, et c’est quand même un peu le far-west. Le 21 novembre, des centaines de personnes (dont plusieurs élus locaux, maires et député·es) se sont réunies dans le camp retranché de la gare de Sotteville-lès-Rouen (qui fut jadis le fleuron du fret ferroviaire français), pour une manifestation à l’appel de l’intersyndicale de cheminots. Objectif : tirer le signal d’alarme encore une fois.
Démantèlement programmé
Le transport de personnes par le train est souvent mis à mal, mais c’est cette fois-ci le transport de marchandises qui est en jeu. Les manifestants sont inquiets pour l’avenir de Fret SNCF, l’entreprise filiale de la SNCF dédiée au transport de marchandises. Au micro, Olivier Petit, secrétaire général de la CGT cheminots Normandie, lance les mots de démantèlement planifié en coulisses, catastrophe ferroviaire, chaos d’un plan social déguisé, liquidation du fret SNCF, gouvernement qui capitule… Les raisons de cette grogne ? La partie qui se joue entre le gouvernement français et la commission européenne, sur fond de dogme libéral et de marche forcée vers l’ouverture à la concurrence. À moins que cette marche ne soit un marchandage très consenti par les gouvernements français successifs, même si c’est au prix de suppressions d’emplois, de service dégradé et de vision à long terme biaisée. Selon le scénario qui s’écrit à Bruxelles, les règles d’ouverture à la concurrence devraient avoir des conséquences économiques et sociales très lourdes pour Fret SNCF, contrainte a minima à partager une partie de ses activités, avec la quasi assurance de suppressions d’emplois. La mise en concurrence des opérateurs sur le transport de marchandises, dont la rentabilité est basse, pourrait aussi finir par réduire la part du train au bénéfice du transport routier.
Enquête parlementaire
Depuis l’été, une commission parlementaire demandée par les députés communistes enquête sur la libéralisation du fret ferroviaire et ses conséquences. Ses travaux se terminent, elle n’a pas encore rendu ses conclusions, mais la présence à la manifestation de Sottevile-lès-Rouen de son rapporteur, le député Hubert Wulfranc, en dit long sur ce qui se trame depuis plus de 20 ans : la liquidation d’un service public, un de plus, au profit du privé et en contradiction avec les impératifs écologiques et de ré-industrialisation du pays. Dossier à suivre, donc.