Le 7 novembre, Sékou Keita, apprenti boulanger menacé d’expulsion, a été parrainé à l’hôtel de Ville par ses employeurs et le maire.
Alors que le maire Joachim Moyse lui remet le certificat de parrainage républicain, le jeune Sékou Keita essuie une larme. “Avec tout le stress que je vis aujourd’hui, je prends ce moment comme une marque de reconnaissance”, souffle-t-il de sa voix timide. Dans la salle commune de l’Hôtel de Ville, élus et militants associatifs sont venus prendre part à cette cérémonie solennelle qui marque leur soutien au jeune Malien, visé par une obligation de quitter le territoire français à partir du 12 novembre. Arrivé en France à 15 ans, il a été pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance et a suivi une formation en boulangerie. En 2022, alors qu’il devient majeur, la Préfecture émet un doute sur l’authenticité de ses papiers d’identité. “Un acharnement administratif infondé que connaissent plusieurs jeunes majeurs que nous suivons, remarque Hubert Pouleau du Réseau Éducation sans Frontières. Sékou doit pouvoir continuer à vivre en France aux côtés de ses employeurs qui souhaitent l’embaucher définitivement.” Tenue par l’émotion, Rosamé Ferreira, patronne de la boulangerie stéphanaise O grain d’or avec son mari Jacques, s’adresse à son apprenti : “Tu nous as apporté tant de richesses par ton courage, ta discrétion et ta persévérance. Tu es un jeune exemplaire.”
Un devoir d’humanité et un acte solidaire
Le parrainage républicain est une démarche symbolique héritée de la Révolution française. “Cette cérémonie incarne l’âme stéphanaise d’accueil, de partage et de tolérance, souligne Joachim Moyse. C’est aussi un acte politique pour exprimer notre vision humaniste, progressiste et altruiste de l’accueil des immigrés.” La Ville reconnait ainsi Sékou Kéita comme membre de la communauté stéphanaise. “C’est aussi un acte qui honore l’intégration professionnelle et sociale de Sékou ainsi que l’engagement des Ferreira depuis trois ans” souligne Hubert Pouleau. Ces derniers s’engagent formellement, par cette signature, à lui offrir une protection républicaine, à le soutenir dans ses démarches et la défense de ses droits. Bien que le parrainage civil soit officiel, il n’a aucune valeur juridique et n’offre pas de garantis de régularisation de séjour ou de droits supplémentaires pour le jeune parrainé. Sékou Kéita reste donc suspendu à la décision de la Préfecture. Il garde en tout cas, pour l’heure, la chaleur de cette reconnaissance républicaine.
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