Alors que la guerre fait rage aux portes de l’Europe, depuis plus de 1000 jours, et que de nombreux régimes illibéraux s’installent au pouvoir partout dans le monde, la première séquence des Assises a porté, mercredi 20 novembre, sur les enjeux et les méthodes d’une éducation à la démocratie et à la paix.
Ukraine, Proche-Orient, Afrique… la guerre sévit autour de nous. Avec des incidences nationales et locales, qui se traduisent par de la colère, des tensions, des angoisses. Dans ce monde crispé, comment maintenir le cap sur la paix et la défense de la démocratie ? « Quel rôle l’éducation peut-elle jouer pour que les enfants, citoyens de demain, aient les clés pour construire des sociétés plus pacifiées ? » a interrogé, en ouverture des Assises, Joachim Moyse, le maire de Saint-Étienne-du-Rouvray.
Une société pacifiée suppose-t-elle que tout le monde soit d’accord ? Certainement pas en démocratie ! « C’est même le propre de la démocratie de savoir gérer les divergences d’opinion, pour éviter qu’elles ne deviennent conflictuelles », a rappelé Michel Fabre, professeur à l’université de Nantes. Exemples à l’appui, le philosophe a expliqué à quel point, sur des questions publiques, il est important de sortir d’une vision manichéenne qui opposerait bons et méchants. Car cette posture ne permet pas d’identifier « le vrai adversaire ». C’est-à-dire celui qui n’apparait que si l’on sait repérer la problématique commune qui se cache derrière les positions contraires. Un exemple : derrière la controverse qui oppose agriculteurs et défenseurs de l’environnement concernant la construction de méga-bassines, « le vrai adversaire n’est pas là où croit, a fait remarquer Michel Fabre. Le vrai adversaire, c’est le changement climatique. » Esprit critique et capacité à prendre du recul, tels sont les caractéristiques de l’esprit de la démocratie qu’il faut inculquer aux jeunes.
Mais entre la théorie et la pratique, il peut y avoir un fossé. Et celui-ci a tendance à se creuser quand les valeurs de la démocratie sont remises en cause. Soucieux d’aider les enseignants dans cette lourde tâche de sensibiliser à la paix et à la démocratie, l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix propose outils et méthodes pour développer une culture de paix. Il accompagne, par exemple, chaque année, les classes de Normandie qui souhaitent participer, au même titre que des jeunes du monde entier, au Prix Liberté. Nathalie Ridel, professeure d’histoire au lycée Galilée de Franqueville-Saint-Pierre, y a inscrit sa classe de seconde. Venue présentée cette aventure très stimulante à ses yeux, elle a détaillé les différentes étapes qui conduisent ses élèves à s’intéresser à des figures historiques, puis contemporaines, de la défense des libertés, aux quatre coins de la planète. Parmi ces étapes, la rencontre avec des militants passés par la case prison pour avoir défendu une cause contribue activement à la prise de conscience par les lycéens normands de la fragilité de droits trop souvent tenus pour acquis.