Fiche d’identité
Naissance : 6 janvier 1883, Le Havre (76).
Décès : 14 juin 1916 (33 ans), Verdun (55).
Profession : comptable
Grade : soldat, 39e Régiment d’Infanterie, classe 1903.
Campagne contre l’Allemagne : 24 février 1915 au 14 juin 1916 (1 an et 3 mois).
À quoi ressemblait-il ?
Les archives ne donnent aucune description physique de Paul Bailliard.
Il avait un niveau d’instruction primaire, ce qui signifie qu’il avait terminé l’école à 13 ans, sans passer le certificat d’études.
Il était marié à Marie Corroyer et vivait au 34 Quai de Paris, à Rouen (76).
Biographie
Paul Michel Bailliard naît le 6 janvier 1883 au Havre (76), dans une famille d’avocats. Durant son enfance, il perd son père et déménage, avec sa mère, désormais veuve, à Neufchâtel-en-Braye. Il y devient commis de banque. À l’âge de 20 ans, le jeune homme se présente aux bureaux de l’Armée afin de réaliser le service militaire obligatoire. À cause de sa santé fragile, il est tout d’abord ajourné puis définitivement exempté. Contrairement au reste de sa génération, il ne fera pas ses armes.
En 1911, alors âgé de 28 ans, il épouse Marie Corroyer, une jeune femme de 3 ans sa cadette, issue d’une famille de la classe moyenne stéphanaise. Le couple s’installe à Rouen (76), au 57 bis rue Orbe. Paul Bailliard est entre temps devenu débitant de tabac.
Lorsque la guerre éclate, en août 1914, la Commission de réforme de la Seine-Maritime reconnaît rapidement Paul Bailliard comme apte au service armé. Il est mobilisé le 24 février 1915 et rejoint le 39e R.I. (Régiment d’infanterie). Malgré son âge, il a aussi peu d’expérience militaire que les Bleuets (ces jeunes de 20 ans ou moins envoyés au front). Le 39e R.I. tient alors position au nord de Reims, près de Courcy (51). À partir du mois de mai 1915, les hommes sont acheminés vers l’Artois, où les combats font rage, notamment autour de Neuville-saint-Vaast (62). Là, Paul Bailliard et ses camarades doivent lutter maison par maison, cave par cave, contre les Allemands. Le 39e R.I. reste dans la région jusqu’en mars 1916, avant de repartir vers l’est. Le 10 juin, la troupe est acheminée par camions jusqu’à Verdun, où la célèbre bataille a commencé depuis février. Le 12 juin, les hommes du 39e R.I. sont engagés dans les combats. Ils doivent tenir l’ouvrage de Thiaumont, une fortification militaire située au nord-est de la ville de Verdun. Ici, les tranchées n’existent plus, ravagées par la violence des bombardements. Les soldats se terrent dans les trous d’obus. Dans ces conditions terribles, Paul Bailliard, âgé de 33 ans, est tué par un tir d’artillerie le 14 juin 1916. On ne semble retrouver trace de son corps que le 6 septembre suivant… Ce n’est cependant qu’un jugement déclaratif de décès émis par le Tribunal civil de Rouen, le 14 octobre 1918, qui officialisera son décès. Sa veuve, Marie Corroyer, reste donc dans une situation administrative incertaine durant plus de deux années, ne pouvant ni toucher sa pension de veuve de guerre, ni refaire sa vie.
Citation posthume au Journal officiel de la République française, 30 octobre 1920 : « Soldat courageux et dévoué. Tombé au champ d’honneur pour le salut de la patrie, le 14 juin 1916 devant Verdun. Mort en brave. »
Paul Bailliard était-il Stéphanais ?
Paul Bailliard n’est pas originaire de la commune de Saint-Étienne-du-Rouvray. Pourquoi, alors, l’avoir inscrit sur le monument aux morts ? Sa femme, Marie Corroyer, est issue d’une famille d’horlogers et commerçants stéphanais. À la mort de son époux, il est probable qu’elle soit revenue vivre dans la commune et qu’elle ait demandé à ce que son nom apparaisse sur le monument. C’est, comme pour de nombreuses familles, le moyen d’afficher son deuil dans son environnement quotidien. Étant Rouennais au moment de son décès, Paul Bailliard figure aussi sur le monument aux morts de Rouen.
Sources : fiche matricule, acte de décès, fiche MdH, Livre d’Or, J.M.O et Historique régimentaire du 39e R.I.
Autrice : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie et Pauline RAGOT, 3eD, collège Paul Eluard, 2024.