Fiche d’identité
Naissance : 15 octobre 1896, Saint-Étienne-du-Rouvray.
Décès : 4 octobre 1918 (21 ans), Semide (08).
Profession : monteur
Grade : caporal, 149e Régiment d’Infanterie, classe 1916.
Campagne contre l’Allemagne : 12 avril 1915 au 4 octobre 1918 (3 ans et 5 mois).
Décorations : croix de guerre étiole de bronze et étoile d’argent.
À quoi ressemblait-il ?
Émile Duteurtre mesurait 1m58. Il avait les cheveux roux et les yeux marron clair.
Il savait lire et écrire, mais n’avait probablement jamais terminé son cursus scolaire.
Il était célibataire et vivait chez ses parents, au Parc Poulain à Saint-Étienne-du-Rouvray.
Biographie
Émile Jules Duteurtre naît le 15 octobre 1896 à Saint-Étienne-du-Rouvray (76), dans une famille d’ouvriers textiles. Il grandit dans la commune, auprès de sa sœur cadette.
Lorsque la guerre éclate, le jeune garçon n’a que 17 ans. Il voit les hommes mobilisés quitter la ville, notamment son cousin, Ferdinand Aubert, de deux ans son aîné (ce dernier sera tué en juillet 1918). Le conflit rattrape néanmoins rapidement Émile Duteurtre. Il n’aurait dû, théoriquement, devoir un service à l’Armée qu’à partir de ses 20 ans (soit en 1916, voire en 1917). La France a
cependant besoin de soldats. L’Armée appelle près de 18 mois en avance les nouvelles recrues. Le 12 avril 1915, Émile Duteurtre est donc mobilisé, à seulement 18 ans et demi. 18 autres Stéphanais de sa génération rejoignent l’Armée ce jour-là. Parmi eux, 10 n’en reviendront pas (Gaston Ecker, Georges Delhoute, …).
Émile Duteurtre est tout d’abord affecté au 28e R.I. (Régiment d’Infanterie), qu’il rejoint dès sa mobilisation. Le régiment est alors au repos près de Fismes (51), à l’ouest de Reims. Au début du mois de mai 1915, le jeune homme et ses compagnons d’armes sont envoyés au nord, où la Bataille d’Artois a débuté. L’épreuve du feu est extrêmement violente pour Émile Duteurtre : pour ne citer qu’un exemple, le régiment perd près de 1 000 hommes durant la seule journée du 26 mai 1915 ! Le 28e R.I. demeure dans la région jusqu’au mois de septembre, prenant part à la Troisième bataille de l’Artois, qui vit tant de Stéphanais tomber (Henri Bachelet, Henri Berthou, Léon Grosjean…et tant d’autres). Après avoir passé l’hiver dans la Somme, Émile Duteurtre et ses compagnons sont envoyés à Verdun, où ils participeront à la célèbre bataille durant 9 longs mois. Au début de l’année 1917, le régiment profite d’une période plus calme, où il cantonne et suit une instruction au camp de Gondrecourt (55). Au mois d’avril, alors que le 28e R.I. est éloigné des zones de combats, Émile Duteurtre est évacué pour blessure. Aucune explication n’est donnée dans les archives. Les accidents étaient fréquents, comme en ont témoigné de nombreux médecins ou soldats : la manipulation des armes (que ce soit pour les nettoyer, les transporter ou s’exercer) pouvait parfois mal se terminer. Suite à cette blessure, le jeune homme passe près de 10 semaines à l’arrière pour se soigner, avant d’être renvoyé sur le front début juillet 1917. Émile Duteurtre est alors versé au 228e R.I. Ce dernier vient d’essuyer des pertes considérables (plus de 700 hommes, dont 600 disparus !) et un renfort de près de 1 000 soldats lui est affecté. Le régiment passe 4 mois près de Saint-Quentin (02), avant d’être dissout. Le 11 novembre 1917, Émile Duteurtre change de nouveau de régiment et rejoint le 149e R.I., alors au repos près de Montmirail (51). Le jeune homme est affecté à la 3e
compagnie de mitrailleuses. Le régiment effectue des travaux dans les Vosges jusqu’au mois de mai 1918, avant d’être précipitamment acheminé en voitures vers l’Aisne, où il faut défendre le secteur face aux attaques allemandes qui cherchent à progresser vers Paris. Durant l’été suivant, Émile Duteurtre et ses camarades tiennent un secteur proche de Perthes-les-Hurlus, en Champagne, où ils repoussent une nouvelle offensive ennemie. Durant cette période, le jeune Stéphanais est promu caporal. Le régiment prend part, au début du mois d’octobre 1918, à la très dure bataille d’Orfeuil (08). Les pertes y sont extrêmement importantes. Le deuxième jour de combat, Émile Duteurtre est touché à la tête par un
éclat d’obus. Il meurt dans la journée, à l’âge de 21 ans…
Citation à l’ordre du régiment : « Soldat actif et courageux. S’est particulièrement distingué pendant l’attaque du 25 Mars, s’imposant à ses camarades par son calme et son sang-froid dont il a fait preuve sous les violents tirs de mitrailleuse de l’ennemi ».
Citation posthume à l’ordre de la brigade, 25 octobre 1918 : « Chef de pièce d’un courage et d’un sang-froid remarquables. N’a jamais cessé au cours des combats des 26-27-28 septembre 1918 de donner le plus bel exemple d’entrain. Toujours soucieux de tirer le meilleur profit de son arme, s’est dépensé sans compter dans des circonstances périlleuses ».
Une famille dans la guerre
Deux cousins germains d’Émile Duteurtre meurent également à la guerre : Ferdinand Aubert (tué à 23 ans le 19 juillet 1918) et Adrien Fréret (tué à 20 ans le 15 juillet 1918). La famille perd donc trois de ses enfants en 4 mois, tués à l’aube de leur vie.
Sources : fiche matricule, actes de naissance et de décès, fiche MdH, Livre d’Or, J.M.O des 28e, 228e et 149e R.I.
Autrice : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie et Naïla DEGUILLE, 3eD, collège Paul Eluard, 2024.