Dans le cadre du NPNRU (Nouveau programme national de renouvellement urbain), la Ville s’est lancée dans un réaménagement ambitieux de ce territoire, avec une fin des travaux envisagée en 2026. Cette nouvelle phase du renouvellement urbain stéphanais vise à répondre à quatre objectifs: développer l’attractivité du quartier de Château blanc, favoriser la mixité sociale, renforcer le volet économique et ouvrir le quartier au reste du territoire.
Recyclage de copropriétés dégradées
Le Programme national de rénovation urbaine (NPNRU) a entraîné une amélioration physique et sociale de la quasi totalité du parc locatif social du Château blanc. Mais subsiste au cœur de ces quartiers rénovés un parc de copropriétés fragiles et vétustes composées de 807 logements (15 immeubles).
Le cas de la copropriété Robespierre et plus particulièrement de l’immeuble Sorano illustre parfaitement le scénario d’une copropriété qui sombre dans une spirale de dégradation, mettant dans l’incapacité le syndicat des copropriétaires à assurer la conservation de l’immeuble.
L’étude menée en 2017 sur les copropriétés du Château blanc pointe notamment la dépréciation globale du marché immobilier sur ces immeubles, les faibles niveaux de revenus des occupants, l’importance des besoins en réinvestissement et l’obligation d’une veille et d’un accompagnement.
Depuis octobre 2018, ces copropriétés font partie des 14 sites nationaux retenus au titre du Plan initiative copropriétés visant à accélérer la transformation et le redressement des copropriétés en difficulté.
Au terme de la procédure légale, l’immeuble Sorano a été démoli en octobre 2021. La procédure de démolition est en cours pour les autres immeubles de la copropriété Robespierre, qui aura lieu après le rachat des appartements et le relogements des occupants.
D’autres copropriétés sont suivies dans le cadre du NPNRU. Au printemps 2023, on s’oriente vers une rénovation pour les immeubles des copropriétés Guebwiller, Hauskoa, Atlantide et Mirabeau. Concernant l’immeuble Faucigny (126 logements), le scénario de la démolition est à l’étude.
L’étude réalisée par le cabinet Urbanis sur la copropriété Robespierre a permis de faire ressortir le caractère marginal de l’immeuble Sorano (140 logements) : véritable barrière physique entre le centre Madrillet et les réalisations d’habitat construites dans le cadre du PRU (plan de renouvellement urbain) sur le parc Macé, il marque une rupture forte au sein du quartier de par son implantation et sa forme, une barre de dix niveaux sur un rez-de-chaussée surélevé.
En sus des désordres techniques généraux observés sur l’ensemble des immeubles de la copropriété, les problématiques spécifiques cumulées par l’immeuble Sorano (dégradation permanente des parties communes, manque d’hygiène, absence de sécurité incendie, tranquillité et sécurité publiques), sa désertion progressive par les occupants et sa position urbaine militent en faveur d’une démolition.
L’immeuble Sorano a été qualifié « d’immeuble de la honte » par la presse locale. Sa démolition permettra d’assurer les continuités est/ouest et la poursuite à terme du processus de diversification de l’offre d’habitat sur l’emprise foncière libérée.
La maîtrise d’ouvrage de cette opération a été confiée à la Ville de Saint-Étienne-du-Rouvray qui a délégué les acquisitions et la démolition de l’immeuble à l’EPFN (Établissement public foncier de Normandie).
Au regard des risques encourus, l’immeuble Sorano a été évacué et sécurisé en septembre 2019, entraînant une procédure accélérée des relogements des occupants et d’acquisition des biens.
Les travaux de déconstruction démarrent au 1er mars 2021 et devraient s’achever à l’automne.
• Plus d’informations sur le chantier de déconstruction, en cliquant ici
Équipements publics
Les équipements publics, regroupés majoritairement au centre Madrillet (Maison du citoyen, centre socioculturel Jean-Prévost, bibliothèque Elsa-Triolet), proposent une offre complète de services administratifs et socioculturels. Ils constituent autant d’atouts contribuant au rayonnement et à l’attractivité du centre Madrillet.
Cependant, ces équipements constituent un assemblage hétéroclite de bâtiments difficilement extensibles et peu lisibles dans le tissu urbain. Ils souffrent par ailleurs d’une obsolescence technique (surfaces insuffisantes, inaccessibilité au public des locaux situés en sous-sol ou en étage…), thermique et fonctionnelle. Ils présentent des besoins d’extension, de mutualisation et/ou de réaménagement pour répondre aux usages actuels et futurs.
La nouvelle médiathèque se déploiera sur un rez-de-chaussée et un étage, sur environ 2 000 m² et proposera de beaux volumes permettant un aménagement convivial et accessible à tous.
Elle offrira notamment des espaces publics d’accueils (banque d’accueil et de prêt, espace de consultation presse/abonnement, cafétéria, commodités, salle multimédia, salle de jeux numériques…) et des espaces autonomes en dehors des horaires de fonctionnement de la bibliothèque, notamment une salle polyvalente de 200 m².
Côté ouest, en effet miroir de la future médiathèque, la dorsale (regroupement ?) d’équipements publics se poursuivra avec la création de la nouvelle Maison du citoyen qui pourra intégrer d’autres services publics. Elle s’implantera à la place de l’ancienne bibliothèque Elsa-Triolet qui sera alors démolie.
Espaces extérieurs
Ce projet d’aménagement d’une liaison piétonne inter-quartiers entre le collège Maximilien-Robespierre et le parc Gracchus Babeuf a été imaginé à la suite d’une concertation avec des usagers. L’analyse a mis en évidence un besoin d’amélioration, de requalification des voiries et cheminements prenant en compte les problématiques de stationnement et de liaison. Le projet intègre notamment le parc Gracchus-Babeuf, véritable poumon vert du quartier présentant des accès peu visibles et des franges nécessitant d’être réaménagées et intégrées aux circulations douces actuelles et futures, dans la perspective d’un rayonnement élargi vers les quartiers environnants.
La liaison inter-quartiers doit ainsi permettre de sécuriser les déplacements des usagers (habitants, collégiens, parents, enseignants, services municipaux) et de répondre à l’enjeu d’ouverture du quartier de Château blanc vers le reste de la commune en reliant le quartier Macé au centre Madrillet.
Le projet d’aménagement prévoit :
- de sécuriser les flux en supprimant les aires de stationnement situées sur le résiduel du périphérique Robespierre,
- de pacifier les circulations piétonnes en élargissant les emprises de la liaison (avec établissement de nouvelles limites du collège Robespierre et du parc public Babeuf),
- de redonner une visibilité aux deux équipements publics en modifiant leurs accès principaux pour qu’ils donnent sur une placette largement ouverte,
- d’élargir la placette jusqu’au parc d’habitat Macé pour matérialiser la connexion est/ouest, de préserver l’intimité des cours des équipements scolaires (école maternelle Robespierre et crèche Anne-Frank) en doublant les clôtures de massifs végétaux participant du traitement paysager de la liaison,
- de tranquilliser les circulations par le renforcement de l’éclairage public,
- d’aménager quelques espaces de repos par du mobilier urbain pleinement intégré aux aménagements.
L’opération se déroulera en deux tranches car une partie des travaux est liée à l’opération des dix-huit reconstructions de LogéoSeine sur l’emprise de l’ex-immeuble Adoma.
L’étude urbaine menée par le cabinet Amar en 2017 a conclu à un scénario visant à consolider la polarité du quartier autour d’un espace public structurant aménagé comme une grande place paysagère formant une agrafe entre le quartier de Château blanc et le quartier pavillonnaire des Aviateurs. De part et d’autre de la rue du Madrillet, en accompagnement d’une offre commerciale requalifiée et recentrée, cet espace accueillera des équipements publics et de services valorisant la polarité commerciale et créant les conditions d’une véritable mixité fonctionnelle et sociale.
Le franchissement de la rue du Madrillet sera assuré par la création d’un plateau piétonnier obligeant les circulations automobiles à ralentir, sécurisant ainsi les traversées des piétons et unifiant visuellement les rives est et ouest.
Les commerces
Dans le cadre de l’attractivité du quartier, le projet urbain de la Ville prévoit de créer les conditions du maintien et du développement des commerces en améliorant l’offre commerciale sédentaire et en requalifiant l’offre non sédentaire.
Particulièrement attractif et présentant un caractère social fort, le marché du Madrillet participe à la satisfaction des besoins locaux et constitue un réel complément à l’offre sédentaire du plateau du Madrillet. Cependant, il montre des dysfonctionnements susceptibles de compromettre sa vitalité à court terme.
Le projet d’aménagement de la place du marché doit permettre de continuer à satisfaire les usagers réguliers et d’attirer ceux qui n’y viennent pas ou qui n’y venaient plus, d’améliorer les conditions d’exercice des commerçants forains et de mieux intégrer le marché dans son environnement via la recherche de synergies entre le marché du Madrillet et les commerces sédentaires de l’espace commercial Renan.
Outre l’amélioration de l’exploitation du marché (en établissant un nouveau règlement et en organisant des partenariats avec les commerçants sédentaires), le projet prévoit de requalifier l’ensemble de la place de la Fraternité :
- en désamiantant et déconstruisant la halle du marché dont la trame de poteaux entrave l’installation des étals et dont la charpente visible sert de nichoir,
- en rénovant les revêtements de surface par des matériaux permettant un meilleur confort d’usage pour les chalands (suppression des pavés béton et mise en œuvre d’un enrobé noir), une matérialisation des linéaires d’étals (mise en œuvre d’une résine à pépites de quartz) et une mutualisation des usages (aire de stationnement hors des jours de marché),
- en mettant aux normes les équipements techniques (bornes d’alimentation électrique et de raccordement en eau enterrables, évacuation des eaux usées, sanitaires, etc.),
- en organisant le recueil et le stockage des déchets du marché,
- en aménageant des accès piétons accessibles et sécurisés depuis la rue du Madrillet,
- en créant, sur la rue Henri-Wallon, les surbaissés nécessaires à l’accès des véhicules professionnels pour faciliter le chargement et le déchargement des marchandises,
- en plantant, et protégeant par une clôture basse, des haies végétales rue du Madrillet afin de maintenir les commerçants dans un périmètre défini, sans nuire au bon fonctionnement des activités riveraines,
- en plantant des alignements d’arbres, dotés de grilles, permettant de rompre avec la planéité de l’espace public et inscrire la place dans une trame verte de quartier,
- en aménageant, sur un espace public de proximité immédiate situé rue du Jura, un parking en dalle alvéolée de 70 places dédié au seul stationnement professionnel permettant, au sein du marché, de sécuriser les flux piétons et de ne pas entraver la circulation des véhicules de secours
- en restituant l’aire de jeux démolie pour les besoins d’implantation du parking professionnel.
Le projet doit contribuer à entretenir le dynamisme économique et à consolider les commerces et les services de proximité.
Cependant, les études menées révèlent la persistance d’un déficit d’offres adaptées et d’un desserrement préjudiciable à son efficience.
En effet, les commerces de la rue du Madrillet subissent une dégradation qualitative de l’offre commerciale et de ses conditions d’exercice, dégradation qui présente le risque de voir d’autres commerces muter vers une offre non souhaitée qui la déqualifierait davantage. Par ailleurs, les stationnements gênants, la circulation entravée, les problématiques d’hygiène, les incivilités concourent à la marginalisation de ces activités et à la détérioration du lien social.
Dès lors, le projet de renouvellement urbain devra viser à recomposer l’offre commerciale, de services et de soins sur la rue du Madrillet grâce à une offre mixte densifiée commerces / services / logements.
Ainsi, les opérations prévues à cet effet sont les suivantes :
– l’acquisition et la démolition de six cases commerciales qui s’étendent le long de la rue du Madrillet et enclavent la place Blériot,
– un projet d’immobilier (site n°1) avec la réalisation d’un programme mixte développant 265 m² de surfaces commerciales en rez-de-chaussée dont l’opérateur est l’ANCT (Agence nationale de la cohésion des territoires), et 9 logements sur deux étages gérés par le Foyer stéphanais.
– un projet d’immobilier (site n°2) qui fait l’objet d’une contrepartie à Action logement (principal investisseur de l’ANRU), représenté par sa filiale Logeo Seine. Ce second bâtiment accueillera ainsi un programme mixte du même type, avec 220 m² de surfaces commerciales en rez-de-chaussée dont l’ANCT est le maître d’ouvrage et 6 logements sur deux étages gérés par Logeo Seine.