Assises 2024 – Jour 2 : peut-on faire de nos différences un levier d’union ?

Dans la continuité de la session consacrée aux enjeux d’une éducation à la démocratie et à la paix, les participants à la seconde journée des Assises de l’éducation 2024 ont réfléchi, jeudi 21 novembre, aux expériences, principes et méthodes, pédagogiques et citoyennes, qui valorisent la différence et le respect de l’autre.

À entendre le bilan que dressent Anaëlle et Alice, deux jeunes Stéphanaises parties un mois à Madagascar, l’été dernier, avec le service jeunesse de la Ville, on mesure l’enrichissement culturel et humain que ce voyage de solidarité a généré. De leur séjour sur place, toutes deux retiennent la qualité des liens avec les jeunes filles malgaches et la découverte de leur situation très précaire ; depuis le retour, elles confient porter un autre regard sur la société de consommation et avoir acquis une capacité nouvelle à relativiser leurs propres soucis. Quoi de mieux que le dialogue et l’échange avec « l’autre » pour le comprendre et le considérer ? Faut-il pour autant partir à l’autre bout de la planète pour tisser de tels liens et tirer de telles leçons ?

Anaëlle et Alice, deux jeunes Stéphanaises parties un mois à Madagascar, confient porter un autre regard sur la société de consommation et avoir acquis une capacité nouvelle à relativiser leurs propres soucis. Photo : Jérôme LALLIER

En emmenant des jeunes camper en forêt à un quart d’heure de chez eux, Guillaume Viger, co-fondateur de l’association Des camps sur la comète, a aussi raconté de belles histoires de rencontre entre jeunes Stéphanais et jeunes migrants ; ou encore entre toutes ces familles de milieux socio-culturels divers qui se retrouvent, lors des vacances de Pâques, pour construire des cabanes sur le “terrain d’aventure” éphémère qu’anime l’association, à Saint-Étienne-du-Rouvray.

Guillaume Viger, co-fondateur de l’association Des camps sur la comète, a raconté de belles histoires de rencontre entre jeunes Stéphanais et jeunes migrants. Photo : Jérôme Lallier

Ces expériences, pendant les vacances, à Madagascar ou au bois des Anémones, prouvent à quel point la mixité sociale et culturelle est précieuse, non seulement à l’échelle individuelle mais aussi pour « faire société ».

Défendre la laïcité en général et l’éducation laïque en particulier

Fort de cette conviction, quels règles, principes, méthodes et outils mobiliser au quotidien, alors que des phénomènes de repli sur soi et de communautarisme œuvrent à contre-courant ? Comment rendre plus évidente la rencontre avec l’autre, avec celui qui n’est pas ou qui ne pense pas comme moi ?

Fervente défenseuse du binôme égalité-laïcité, Marie-Laure Tirelle, la secrétaire générale du Comité national d’action laïque (CNAL) a rappelé les fondements juridiques et les objectifs de la laïcité, qui « doit permettre, notamment dans le cadre de la construction de l’individu d’intégrer que la différence n’est pas un problème mais une richesse qui permet de nous apprendre aussi ce que nous sommes ». Encore faut-il se donner les moyens de défendre la laïcité en général et l’éducation laïque en particulier. Or, « dans une période où les inégalités scolaires et sociales sont fortes et le séparatisme grandissant, a souligné Marie-Laure Tirelle, comment créer des espaces de débats et de réflexion si les élèves accueillis dans les classes se ressemblent d’un point de vue socio-culturel, ethnique, religieux ? Quel regard auront-ils de l’autre s’ils ne le rencontrent pas ? » D’où le combat du CNAL pour l’école publique, comme étant le meilleur outil d’apprentissage et de respect de l’altérité.

« La différence n’est pas un problème mais une richesse qui permet de nous apprendre aussi ce que nous sommes » Marie Laure Tirelle, secrétaire générale du Comité national d’action laïque. Photo: Jérôme Lallier

Après un passage par la philosophie et les sciences de l’éducation, Irène Pereira a de son côté vanté les vertus de l’éducation populaire à la fois pour défendre les minorités (dépourvues de pouvoir), porter un projet d’émancipation collectif et rétablir la vérité des sciences sociales dans le débat public. Un triple combat qui, aux yeux de l’enseignante à Rouen, prend tout son sens aujourd’hui, alors que « les discours des droites extrêmes, nourris de croyances et de pseudo évidences, portent des projets de discrimination à l’égard des minorités ». À l’opposé de la promotion de la démocratie et de la paix.

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