Des Stéphanaises ont effectué des marches exploratoires dans le campus du Madrillet. Objectif : identifier les problèmes d’aménagement urbain pour améliorer la sécurité et la convivialité.
Elles sont lycéennes, élèves ingénieures ou travaillent au Technopole du Madrillet. Leur mission en ce vendredi 2 décembre : arpenter le campus et pointer les défaillances qui les empêchent de réaliser sereinement leurs trajets quotidiens. Dès le point de rendez-vous, dans l’un des parkings de l’Institut national des sciences appliquées (Insa), les remarques fusent : « J’ai failli me faire écraser deux fois par des voitures qui sortaient en trombe de l’école, alors qu’elles sont censées circuler au pas quand il y a des piétons sur la chaussée », témoigne Élise Brisolier, élève-ingénieure au Cesi. Les participantes signalent des problèmes de sécurité routière tout au long du parcours : sur les avenues Galilée et Isaac-Newton, les voitures roulent trop vite et ne s’arrêtent pas toujours aux passages piétons.
La nuit, ces comportements dangereux sont aggravés par un éclairage public quasi absent à certains endroits. « Le soir, on n’ose pas trop s’aventurer seules dehors, et pas seulement à cause des chauffards. J’ai déjà croisé un dealer qui m’a proposé des stupéfiants et il m’arrive d’être harcelée dans le métro. Ce n’est pas rassurant », confie Adeline Buy, élève-ingénieure à l’Ésigelec.
Améliorer le quotidien
Jennifer Holmes, qui mène la marche, note les propositions des participantes : « En plus d’améliorer l’éclairage, il faudrait mettre en place des ralentisseurs de vitesse de type dos d’âne ou coussin berlinois à l’approche des passages piétons. Installer des panneaux de limitation de vitesse aux abords des ronds-points est aussi une bonne idée », énumère la responsable de la communication externe de l’Ésigelec, qui pilote le projet des marches exploratoires pour le campus du Madrillet et la préfecture de Seine-Maritime.
Le groupe imagine également des façons de rendre la vie plus plaisante sur le campus. « Débarrassé des broussailles, cet endroit pourrait accueillir des bancs, des tables ou même des équipements sportifs de plein air. Cela permettrait aux gens de différentes écoles de se rencontrer », suggère une étudiante. « Cette démarche est intéressante. J’ai l’impression que nos problèmes en tant qu’étudiantes sont entendus et qu’il y a une volonté d’améliorer notre quotidien », se réjouit Clara Massé, élève-ingénieure à l’Ésigelec.
Créées au Canada dans les années 1990, les marches exploratoires sont pratiquées en France depuis le début des années 2000. Ce dispositif, ouvert exclusivement aux femmes, vise à renforcer leur sécurité dans l’espace urbain. Pour Jennifer Holmes, cela bénéficie à tous : « Pendant les marches, on remarque que les femmes pensent à la sécurité et au bien-être de tout le monde : personnes à mobilité réduite, enfants… »
Une autre marche, de nuit, a eu lieu le 7 décembre avant la présentation des conclusions des participantes aux autorités de la préfecture et aux élu·es de la Métropole et de la Ville.