Au conseil municipal, du local et du global

Le conseil municipal du 14 octobre a donné lieu à des échanges de fond, où s’invitaient des questions politiques globales appliquées au contexte local. 

Le conseil municipal est le reflet de la vie d’une commune. S’il en fallait une preuve, l’assemblée du 14 octobre l’a apportée. Ce huitième conseil du mandat a été le moment de déclarations et de débats intéressants sur des sujets concrets et importants pour les Stéphanaises et les Stéphanais: la sécurité (ou l’insécurité) routière, la hausse du prix des énergies (et par extension le pouvoir d’achat), les finances de la Ville, ou encore l’application et le coût social de la ZFE-m (zone à faibles émissions mobilité) qui doit bouter les véhicules polluants hors des villes. Et ces sujets sont parfois liés.

Sécurité routière

En ouverture de séance, tout le monde a en tête le terrible délit routier qui a coûté la vie à un enfant le 21 septembre dans une rue de Saint-Étienne-du-Rouvray. C’est d’abord Sarah Tessier, conseillère municipale d’opposition, qui à travers son vécu personnel déplore les vitesses excessives, les incivilités, les voies mal adaptées et propose la création de réunions de quartier ou d’un groupe de travail sur le sujet. Conscients que la sécurité est au cœur des préoccupations des habitants, les adjoints au maire en charge de la question, Anne-Émilie Ravache et Pascal Le Cousin, rappellent ce qui a déjà été mis en place: les radars mobiles de la police municipale, le partenariat avec la police nationale, les ralentisseurs, les opérations menées contre les rodéos urbains. Joachim Moyse annonce enfin le projet d’installer en ville la verbalisation vidéo sur feux tricolores, qui sera discutée lors du prochain conseil municipal en décembre.

Le prix des énergies

Alors que la précarité énergétique concerne 12 millions de personnes en France, que la hausse du prix des carburants touche d’abord les plus modestes et que l’hiver approche, la hausse du prix du gaz, de l’électricité et de l’essence est au cœur de l’actualité. Dans ce contexte, le maire Joachim Moyse formule un vœu demandant au gouvernement « de prendre toutes les mesures possibles pour limiter l’impact de ces hausses de prix de l’énergie sur la population de notre ville ». Comment ? « Il pourrait abaisser la TVA à 5,5%, taux retenu pour n’importe quel produit de première nécessité. Il pourrait réduire les taxes prélevées sur la facture d’électricité et sur les carburants. Il pourrait initier la sortie du champ concurrentiel des secteurs stratégiques de l’énergie. » Ce vœu interpelle Léa Pawelski (groupe des élus socialistes et écologistes pour le rassemblement) et Hubert Wulfranc, qui s’interroge notamment sur la pertinence d’une baisse de la TVA. Selon ce dernier, au-delà de la conjoncture actuelle, c’est la structure même de la production et de la distribution d’énergie qu’il faut repenser, dans le cadre de la transition écologique et de son nécessaire accompagnement social. Ce vœu du maire est donc adopté à l’unanimité après discussion et correction concernant la baisse de la TVA, sans la participation d’Hubert Wulfranc.

L’extension de la ZFE-m

Le sujet qui suit rejoint celui qui précède, par la route. Rappel: dans le cadre de la ZFE, les métropoles de plus de 150 000 habitants ont l’obligation de réduire la circulation des véhicules les plus anciens et polluants sur leur territoire. La mesure est entrée en application à Rouen le 1er juillet, et elle devrait s’étendre au 1er janvier prochain à quinze villes autour de Rouen, dont Saint-Étienne-du-Rouvray. 25 000 véhicules seront concernés sur la Métropole. Le débat qui s’engage au conseil municipal ne concerne pas la pertinence de la ZFE sur le fond, mais son application abrupte et imprécise, sans garantie d’accompagnement social et financier pour les plus modestes, particuliers et petites entreprises, qui seront contraints de changer leur véhicule. « Nous ne sommes pas contre le dispositif, mais les garanties de soutien financier sont trop insuffisantes », explique Joachim Moyse qui souhaite proposer à la Métropole de différer d’un an l’application de la ZFE dans sa commune. L’adjoint écologiste David Fontaine défend la ZFE au nom de l’action pour la transition écologique et du pragmatisme (« Les plus pauvres n’ont même pas de voiture, la priorité c’est l’investissement sur les transports en commun »). Mais, par les prises de parole de Léa Pawelski, Mathieu Vilela, Hubert Wulfranc, Johan Queruel, Jocelyn Cheron et Didier Quint, les conseillers et adjoints s’interrogent collectivement: pourquoi en effet ne pas commencer par développer le réseau de transports en commun? Et relancer le transport ferroviaire (Saint-Étienne-du-Rouvray est une des douze villes de la Métropole à avoir une gare, sous-exploitée)? Pourquoi accepter une écologie punitive, qui oppose urgence sociale et environnementale et risque de pénaliser et isoler les plus précaires ? Pourquoi se lancer tête baissée dans le passage à la voiture électrique alors qu’elle aussi un coût écologique élevé?… En fin de compte, la proposition de Joachim Moyse est approuvée par le conseil municipal avec une majorité de 20 voix avec l’abstention du groupe socialiste et Europe Écologie les Verts.

Le prochain conseil municipal aura lieu le 9 décembre, avec le vote du budget 2022 de la Ville, dont les orientations, et notamment la réduction des dépenses de fonctionnement, ont commencé à être débattues.

Votre navigateur est dépassé !

Mettez à jour votre navigateur pour voir ce site internet correctement. Mettre à jour mon navigateur

×