2022 est une année électorale importante, avec les présidentielles puis les législatives. Mais pour voter, il faut d’abord être inscrit sur les listes électorales. Le point sur les modalités.
L’élection présidentielle de 2017 a été celle d’un record: l’abstention.
Un quart des électeurs n’était pas allé voter au second tour. Pourtant, la présidentielle est l’élection qui mobilise le plus les Français. Pour les autres scrutins (municipales, législatives, régionales, départementales, européennes), c’est encore pire, le taux d’abstention dépasse souvent les 50%. Et en avril 2022? Dans un contexte sanitaire toujours incertain, les électeurs et électrices se déplaceront-ils en masse pour élire le prochain présidnt – ou la prochaine présidente ? Puis les députés et députées ? Pour cela, il faut déjà être inscrit sur les listes électorales. Près de 48 millions de Français et Françaises sont déjà inscrits. Et pour les autres, qui représentent environ 3 millions de citoyens ?
Comment s’inscrire, et bien s’inscrire ?
L’inscription sur les listes électorales pour toute personne majeure et de nationalité française est possible en mairie en remplissant un formulaire, ou par internet sur le site service-public.fr. La démarche prend alors quelques minutes. Dans les deux cas, il sera alors demandé de fournir une pièce d’identité et un justificatif de domicile. La date limite pour s’inscrire est le 4 mars 2022.
Le jour du vote, il n’est pas obligatoire de présenter sa carte électorale. Une pièce d’identité suffit. Mais pour pouvoir glisser un bulletin dans l’urne, il ne suffit pas d’être inscrit sur les listes électorales, il faut l’être dans la bonne commune. Plusieurs millions de Français et de Françaises sont considérés comme « mal inscrits », c’est-à-dire inscrits sur les listes électorales d’une commune qui n’est pas leur commune de résidence au moment de l’élection.
Quand on habite à plusieurs centaines de kilomètres de la commune où on est inscrit, ce n’est pas pratique d’aller voter, et ça crée de l’abstention. La mal-inscription touche notamment les jeunes qui ne vivent plus dans la commune de leurs parents, les étudiants, les personnes qui ont déménagé… Les personnes dans ce cas depuis les dernières élections doivent donc se réinscrire dans leur commune de résidence pour pouvoir y voter.
Pour voter à distance: la procuration
Se déplacer physiquement (un dimanche) pour aller faire la queue dans un bureau de vote, puis mettre un petit papier dans une enveloppe et enfin l’enveloppe dans une urne ? Alors que la technologie per- met aujourd’hui de faire tout ou presque à distance, la procédure peut sembler archaïque. Le vote par correspondance via des machines à voter ou internet existe ici ou là, dans certains pays ou pour certains scrutins, mais il n’a pas toujours fait la preuve de sa fiabilité (lire ITW ci-dessous). On y viendra, mais pas tout de suite. Aux États-Unis ou en Inde, des machines à voter ont été fraudées lors d’élections. Le risque de piratage et donc de fraude électorale est bien réel.
En France, il n’est pas possible de voter personnellement sans se déplacer. À moins de confier son bulletin de vote à une personne de confiance, via une procuration. La personne mandatée ira voter à votre place, avec votre accord. Nouveautés pour les élections de 2022 : une procuration peut être confiée à une personne qui ne réside pas dans la même commune, une même personne peut être mandatée pour deux procurations, et la demande de procuration peut être effectuée en ligne à l’adresse maprocuration.gouv.fr.
INTERVIEW
« Un moment citoyen fort »
Député de Seine-Maritime, Gérard Leseul a co-présidé en 2021 la mission parlementaire d’information sur l’abstention et la participation aux élections, qui a rendu son rapport en vingt-huit propositions.
Certaines propositions de la commission vont-elles être appliquées en 2022 ?
Ce n’est pas le sentiment que j’ai eu lors de l’audition de la commission par les ministres. Cette mission arrive trop tardivement. Le gouvernement et le parlement auraient dû se saisir de cette question bien avant, pour pouvoir mettre en œuvre des propositions dès les campagnes électorales de 2022.
D’autres regrets ?
En plus de questions d’organisation, il aurait fallu renforcer d’autres propositions, dont l’éducation civique dès l’école primaire. Sensibiliser les enfants au débat, au vote. C’est parce qu’on a pris l’habitude de voter quand on est enfant, après une discussion, qu’on va ensuite vouloir participer aux débats démocratiques de notre société, en votant.
Comment imaginez-vous le déroulement d’une élection en France dans le futur ?
Les experts du numérique consultés nous disent qu’aujourd’hui la sécurité du vote électronique n’est pas assurée. Sans absolue garantie, ce n’est pas la peine de le faire, il y aurait des risques de manipulation. Mais, dans l’avenir, on pourra accéder à un vote dématérialisé totalement sécurisé. On pourra voter dans n’importe quel bureau de vote, partout en France. Mais l’acte symbolique de voter restera. Il faut maintenir un moment citoyen fort.