Menacée d’expulsion, la famille d’Emmanuel et Séphora, élèves au collège Louise-Michel, a reçu ce samedi le soutien de la communauté stéphanaise, et plus particulièrement de leurs camarades de classe et de leurs professeurs.
Sur leur banderole un seul mot: Solidarité. Louise, Érine, Clara et Lucie sont venues ce samedi matin devant la mairie de Saint-Étienne-du-Rouvray pour afficher leur soutien à Séphora et Emmanuel, deux de leurs camarades du collège Louise-Michel menacés d’expulsion. Leurs parents, Félix et Mathurine Mayimbi ont en effet reçu tout récemment une obligation de quitter le territoire français (OQTF) émanant de la préfecture de Seine-Maritime.
«On ne pensait pas que c’était possible», assure Julie. Comme ses autres amies, elle est en classe de troisième et partage le quotidien du frère et de la sœur qu’ils connaissent depuis la cinquième. «Du jour au lendemain on leur dit qu’ils ne peuvent pas rester ici. Ce n’est pas normal. Ce sont des élèves comme nous et leur place est avec nous !», s’insurgent les jeunes filles qui ont appris la nouvelle via les réseaux sociaux en ces temps de confinement. «Au départ, on ne pensait pas que c’était vrai! On a vérifié, mais quand cela s’est confirmé, on a partagé la nouvelle avec le maximum de personnes». Tous leurs contacts, leurs familles, leurs amies sont appelés à la rescousse. Avec efficacité puisque la pétition de soutien en ligne avait déjà recueilli plus de 12.500 signatures à l’heure du rassemblement devant l’hôtel de ville réunissant élus, responsables syndicaux et associatifs, et plusieurs dizaines de citoyens avec en première ligne des enseignants de l’établissement stéphanais.
Touchés d’un tel soutien
Professeur principale de Séphora, Audrey Schabad avoue son écœurement face à la situation de cette famille arrivée du Congo-Brazaville en 2018: «Ce sont des élèves remarquables qui n’ont eu de cesse de chercher à s’intégrer depuis leur arrivée. Ils font partie de la chorale, du club journal, ils sont inscrits en latin… Et j’en oublie sûrement. Et même s’ils n’étaient pas de bons élèves comme ils le sont, aujourd’hui ils font partie de notre communauté et ils ont le droit de pouvoir suivre leur scolarité normalement, sans s’inquiéter de ce qu’ils vont devenir».
Elisa, Camille, Missoné et Klayton ont eux connu Emmanuel et Séphora au sein de la paroisse où leurs parents sont impliqués. Pour eux aussi, c’est l’incompréhension qui domine. «Cela fait trois ans qu’ils sont ici, qu’ils ont créé des liens d’amitié avec nous et c’est à ce moment-là qu’on leur dit qu’ils doivent partir. C’est idiot», réagit Klayton, qui espère que la mobilisation du jour va être efficace. «S’il y a autant de gens ici aujourd’hui, cela prouve bien qu’ils sont intégrés», ajoute l’une de ses camarades.
Héros du jour malgré eux, Emmanuel et Séphora sont visiblement touchés d’un tel soutien. «Quand je suis arrivé, on me posait beaucoup de questions sur mon pays. Et après beaucoup moins. Ça voulait dire que j’étais devenu un élève comme un autre», se souvient Emmanuel. «Et aujourd’hui, il faut encore que j’explique ce qui nous arrive alors qu’ici je suis chez moi maintenant». Comme l’explique sa maman, une procédure en appel a été lancée contre la décision du Préfet et tous espèrent qu’elle sera couronnée de succès. «On ne pensait pas qu’il y aurait autant de gens aujourd’hui», assure d’une voix posée Mathurine. «Et ça nous fait chaud au cœur et nous donne du courage pour continuer à nous battre, pas seulement pour nous, mais aussi pour nos enfants».