La majorité des élus réunis en conseil métropolitain ce lundi 8 février a voté contre la participation de la Métropole de Rouen Normandie au financement du projet d’autoroute à péage pour contourner Rouen.
Il fallait bien s’attendre à un débat marathon pour décider ou non du financement de 41,5km d’autoroute à péage. Après cinq heures d’échanges retransmis en direct sur internet, les élus de la Métropole ont refusé, lundi 8 février, d’allouer les 66 millions d’euros prévus pour le “contournement Est” de Rouen. Estimé à près d’un milliard d’euros, ce projet en discussion depuis près de cinquante ans semble désormais enterré, au moins pour plusieurs années.
Qualifié d’historique par les opposants au projet, ce vote répondait à une demande formulée en novembre dernier par le préfet de Normandie, qui sommait plusieurs collectivités de confirmer leur soutien financier. En 2016, la Métropole s’était d’abord engagée à mettre la main au portefeuille pour bitumer cette liaison entre les autoroutes A28 et l’A13.
C’était sans compter le changement de mandature et le revirement de certains élus, dont le président de la Métropole et actuel de maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol. «Le monde change, changeons avec lui, a scandé l’élu en clôture de débat, avant de de se justifier. C’est un sujet extrêmement complexe qui dépend d’un certain nombre de paramètres économiques et écologiques. Je revendique ce droit au doute. Je suis allé voir de nombreux spécialistes. Tous me disent «ne financez plus ce type de projet». J’avais sous-estimé l’état de la planète et les conséquences du réchauffement sur notre Terre que j’ai pu voir jusque dans la vallée de Seine.»
Les arguments écologiques et l’impact d’une telle dépense sur les finances publiques fragilisées par la crise sanitaire (le financement du projet représenterait 8% du budget de la collectivité) ont donc pesé plus lourd que les arguments d’attractivité économique portés par les élus favorables au “contournement Est”.
Sur un total de 123 votants, 76 se sont prononcés contre le projet et 43 pour (quatre abstentions). À l’issue du vote, le groupe des «Élus indépendants pour une métropole des territoires» a quitté la séance qualifiant le scrutin de «mascarade démocratique» contestant à la fois la forme de la délibération (elle tenait en treize pages, une longueur inhabituelle) et son caractère jugé subjectif. Selon l’opposition, elle ne tenait pas compte pas de tous les éléments d’analyse économique ou écologique liés au projet.
“Une décision qui sonne comme une victoire”
“Je me réjouis de cette décision qui sonne comme une victoire tant j’ai dénoncé et combattu ce projet injuste socialement, dangereux sanitairement et dévastateur écologiquement, a commenté le maire stéphanais, Joachim Moyse, à l’issue du vote. Pour les habitants de Saint-Étienne-du-Rouvray, l’abandon du “contournement Est” peut représenter une bonne nouvelle du point de vue de la santé: le rapport d’enquête publié en 2016 indiquait en effet que la zone du rond-point des Vaches représentait “la situation la plus critique” en terme de pollution (lire Le Stéphanais 279).
En contrepartie, afin de proposer des alternatives au “contournement Est”, la délibération votée par les élus propose d’acter certains principes. Il est notamment question de mettre en place “un péage pour les poids lourds au Pucheuil sur l’A28”, “L’interdiction des poids lourds au-dessus d’un certain gabarit dans l’intra boulevard rive gauche et rive droite” ou encore “La réalisation de la gare nouvelle Saint-Sever et plus largement de la ligne nouvelle Paris Normandie, ainsi que l’étude d’une liaison tram-train sur l’axe Yvetot-Rouen-Elbeuf“, autant de propositions qui devraient être sujettes à débats lors des conseils à venir.