Cour d’école, réseaux sociaux: comment décrypter les relations des jeunes entre eux ?

Assises de l'éducation
Plus de trois cents personnes ont assisté à ces 5es assises de l'éducation

Après avoir réfléchi aux impacts de l’aménagement des espaces et des modèles familiaux sur l’éducation des enfants, les Assises de l’éducation se sont intéressées, vendredi matin, aux interactions entre pairs, au cours de l’enfance et de l’adolescence. Les enquêtes présentées conduisent à dépasser les idées reçues.

Quand des sociologues s’installent dans les cours de récré, ils ne collectent pas forcément la matière qu’ils avaient imaginée… c’est ainsi que Julie Pagis s’est retrouvée à étudier les relations entre écoliers sous l’angle des inimitiés. Face à l’amphithéâtre plein de l’université du Madrillet, la chercheuse du CNRS a partagé des extraits de dialogue sans concession. Élèves de CP, CE2, CM2 : ils ne s’autocensurent pas dans leur jugement de leurs pairs.

Le jugement des adultes en filigrane

Ce constat – qui ne surprendra pas les habitués des cours d’école – se double d’une analyse très intéressante des références mobilisées par les enfants pour justifier leurs inimitiés : « Je ne l’aime pas parce qu’il est mauvais en classe » ou « parce qu’il est sale ». « Pour déclasser leurs pairs, les enfants mobilisent des justifications d’ordre scolaire ou domestique, a expliqué Julie Pagis. Ils reconstruisent l’ordre social en recyclant des critères et des injonctions auxquels ils ont été exposés au cours de leur socialisation. »

La société et, plus spécifiquement, l’institution scolaire n’aiment pas les mauvais élèves, ce que les enfants intériorisent dès leur plus jeune âge. Et les mauvais élèves eux-mêmes ont recours à ce référentiel pour juger les autres… avec pour incidence un autodénigrement préjudiciable.

Des différents usages des réseaux sociaux

Plus tard, à l’adolescence, dans une société où les frontières entre les sphères familiale, scolaire, amicale sont rendues poreuses par les réseaux sociaux, la relation entre pairs nécessite encore plus de décryptage et d’analyse. Ce fut l’objet de l’intervention de Jocelyn Lachance, qui a proposé à l’auditoire des Assises un inventaire des regards qui peuvent être portés sur l’usage des réseaux sociaux par les adolescents. « Il faut éviter le piège de la visibilité, a d’entrée suggéré le maître de conférence à l’université de Pau et des Pays de l’Adour. Derrière la photo, l’image, il y a la façon de formaliser son identité et de devenir adulte. »

Quête de sens

Questions d’identité, mais aussi d’expérimentation, de prise de risque, de tests de confiance vis-à-vis de ses pairs… de nombreux enjeux sous-tendent le rapport aux réseaux. « Solliciter le regard de l’autre, ce n’est pas seulement une question narcissique, a insisté Jocelyn Lachance, c’est aussi rechercher une validation ou une invalidation de ses activités. » Cette approche place sous un éclairage nouveau la quête de « like » à laquelle se livrent les adolescents. Derrière l’outil numérique se cache donc une recherche de sens à côté de laquelle il serait dommage de passer.

Gratter le vernis des attitudes les plus courantes, explorer les coulisses des comportements de nos écoliers et de nos adolescents, dans une interaction avec des chercheurs et des professionnels de terrain, c’est sans doute ce qui fait la valeur ajoutée des Assises de l’éducation. Ce qui explique en tout cas que plus de 300 personnes y aient participé cette année.

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