Près de 200 Stéphanais•es se sont réunis devant l’hôtel de ville pour rendre hommage à Samuel Paty, l’enseignant assassiné vendredi 16 octobre lors d’un attentat terroriste à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Le discours du maire a laissé place à une minute de silence.
Cinq jours après le drame, l’émotion encore vive. Peu après 17 heures vendredi 16 octobre, le professeur d’histoire-géographie de 47 ans, Samuel Paty, a été sauvagement assassiné par un homme de 18 ans à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). L’enseignant a été ciblé par cet attentat terroriste après avoir été critiqué par certains parents, suite à une intervention en classe sur la liberté d’expression en lien avec les caricatures de Mahomet, les mêmes caricatures à l’origine de l’attentat perpétré contre Charlie Hebdo en janvier 2015. «Vendredi 16 octobre, un nouvel acte sans nom a empli la France d’horreur et d’effroi», s’est ému le maire, Joachim Moyse, devant plus de 170 de Stéphanais•es réunis place de la Libération.
Devant l’hôtel de ville et sous un drapeau tricolore en berne, le premier élu a souligné l’écho particulier que trouve l’évènement à Saint-Étienne-du-Rouvray. «Pour les habitantes et habitants de notre ville, cette nouvelle douleur vient rouvrir la plaie de l’attentat qui a coûté la vie à notre prêtre Jacques Hamel, il y a quatre ans». Le maire a évoqué un sentiment semblable à ceux éprouvés après les attentats de Toulouse, Montaubans, Paris, Magnanville, Nice, Trèbes ou encore Strasbourg. «À chaque fois, des actes de barbarie ont été réalisés contre des symboles ou des incarnations des valeurs que porte notre république : la liberté d’expression, la laïcité, l’autorité républicaine, la liberté, la joie de vivre, la fraternité… […] Avec le meurtre de ce professeur, c’est un pilier fondamental de notre République qui se fissure, celui de l’éducation».
Aux côtés du député de Seine-Maritime Hubert Wulfranc et de la première adjointe Anne-Emilie Ravache, Joachim Moyse a rendu hommage à la personne de Samuel Paty et à ses actions. «Samuel Paty ne faisait pas qu’instruire comme le faisaient les Hussards noirs de la troisième République. Il éduquait, en formant les jeunes au débat, à la contradiction, à la liberté d’expression, en développant leur esprit critique. Il visait à ouvrir les horizons pour ses élèves, en vue de les faire devenir des citoyens éclairés. Il était devenu l’incarnation actuelle de la France des Lumières, résolument opposée aux obscurantismes de cette époque.» Et le premier édile d’appeler tout un chacun à continuer de lutter contre la folie et le fanatisme:
«Face à la bêtise et la folie, il faut opposer l’intelligence et la raison. Face aux fanatismes, il faut continuer d’imposer l’éducation et la culture, notamment la philosophie, comme le prônait Voltaire.»
L’élu a aussi tenu à réaffirmer l’importance de la présence du service public de l’Éducation Nationale partout en France: «Dans le milieu rural, comme dans les quartiers populaires, il ne doit pas y avoir de recul des moyens éducatifs publics afin de na pas laisser se développer des modes d’instruction intolérants et sectaires. »
« Faisons corps et unité dans notre volonté de bien vivre ensemble, dans la tolérance, la paix et la fraternité, en pensant à celui que l’obscurantisme a fauché si jeune. »
Citant Victor Hugo, le maire a enfin appelé à respecter une minute de silence en la mémoire de l’enseignant.
Samuel Paty, je te dédis ces mots de Victor Hugo: « Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne. L’ignorance est la nuit qui commence l’abîme ».