Le 26 juillet s’est déroulée la sixième cérémonie d’hommage au père Hamel, quatre mois après le procès de l’attentat.
En plein centre ancien de la ville et à proximité immédiate de la mairie, quelques centaines de mètres séparent le presbytère où vivait le père Jacques Hamel de l’église Saint-Étienne, où il fut assassiné le 26 juillet 2016. C’est ce chemin, souvent emprunté par le prêtre martyr, qu’a remonté la marche silencieuse pour inaugurer cette sixième cérémonie d’hommage. Après une messe présidée par Mgr Lebrun, archevêque de Rouen, l’assemblée nombreuse s’est retrouvée devant la stèle érigée en 2017 au pied de l’église, pour l’hommage républicain.
Dès les premiers mots de son allocution, le maire Joachim Moyse donne le ton des prises de parole qui vont suivre : « Le jour du 26 juillet 2016 est désormais écrit en lettres de sang dans le livre d’histoire de notre ville. » Une nouvelle page, importante, de cette histoire s’est écrite en mars 2022, avec le procès de l’attentat, qui a permis la condamnation de plusieurs proches des auteurs de l’attentat. Après le souvenir du drame et la douleur toujours présente, la paix est désormais permise et elle s’entretient, comme le souligne Joachim Moyse. Citant Roseline Hamel, la sœur de Jacques, il rappelle que depuis 2020 la devise de la Ville est « Mieux vivre ensemble ». « Notre ville œuvre au quotidien pour une altérité pacifique et émancipatrice. »
À son tour, Mgr Lebrun prend la parole et revient sur ce procès, auquel lui-même a participé en tant que partie civile. Sa reconnaissance va à l’institution judiciaire, très représentée dans l’assemblée et qui a pu « faire la vérité et rendre la justice ». « C’est l’honneur de notre pays », dit-il. Si l’hommage du 26 juillet s’adresse bien sûr d’abord au père Hamel, l’histoire continue à s’écrire. Pour la paroisse, le prochain chapitre sera la réhabilitation des salles paroissiales pour y créer un lieu d’accueil destiné aux nombreux pèlerins qui viennent à Saint-Étienne-du-Rouvray. Mgr Lebrun a annoncé l’ouverture d’une souscription pour financer ce projet.
“Ce drame reste le nôtre”
Dans une courte intervention, le député Hubert Wulfranc, qui était maire de la Ville et en première ligne en 2016, a lui aussi rappelé que le procès était « constitutif de l’histoire et de la mémoire de l’attentat ». Ce procès et les années qui passent permettent une construction positive pour les Stéphanaises et les Stéphanais. « Ce drame reste le nôtre, partagé. Nous assumons l’avoir porté, pour qu’il nous porte lui-même vers d’autres rives. »
Pour terminer, Pierre-André Durand, le préfet de région et de département, a exprimé la victoire collective et l’échec fondamental des terroristes dans cette histoire: malgré un crime « d’une sauvagerie inouïe, d’une méprisable lâcheté », qui « aurait pu briser la concorde nationale », le « chemin du pardon » a été trouvé. Un exemple pour la France entière, souligne le représentant de l’État, qui exprime aussi sa reconnaissance envers les policiers, pompiers, médecins et Samu en intervention le 26 juillet 2016. Au terme de cette cérémonie pleine de douceur et de paix retrouvée, un verre de l’amitié a été partagé au centre socioculturel Georges-Déziré.