Hôpital du Rouvray: les soignants manifestent contre des procédures disciplinaires

Une centaine de soignants et de citoyens manifestaient cet après-midi devant l'hôpital du Rouvray, à l'appel de la CGT, de SUD et du collectif des Blouses noires.

À l’appel des syndicats CGT et SUD et du collectif des Blouses noires, une centaine de personnels soignants et citoyens se sont réunis à 14 heures devant l’hôpital spécialisé du Rouvray, mardi 26 mai. Ils manifestaient à la fois dans le cadre des «mardis de la colère», un mouvement national appelant à «un changement au sein [du secteur] de la santé» mais également, plus localement, contre plusieurs procédures disciplinaires en cours à l’encontre de neuf agents de l’hôpital.

L’affaire remonte au début du confinement, en mars. Une banderole était une nouvelle fois accrochée aux grilles du Centre hospitalier du Rouvray (CHR) pointant cette fois-ci le manque de masques pour protéger patients et soignants. La situation a ensuite évolué sur les réseaux sociaux où l’on a notamment vu circuler des photos de masques à usage unique sécher dans une salle de repos afin d’être réutilisés par les soignants, faute de ces protections en quantité suffisante.

Agathe Chopart, infirmière représentante CGT, dénonce une «chasse aux sorcières»:

«Devant la pénurie de masques, nous avions proposé à la direction de parer à l’urgence en produisant au sein même de la lingerie de l’hôpital des masques en tissu réutilisables. La direction a refusé, préférant nous faire utiliser plusieurs fois des masques à usage unique. Nos collègues sont victimes d’une chasse aux sorcières alors que ce sont des lanceurs d’alerte.»

La direction évoque quant à elle, dans un communiqué publié aujourd’hui même, des «procédures disciplinaires relatives à la diffusion de notes internes, d’insultes et d’injures publiques», invoquant notamment «des manquements graves à l’obligation de réserve, de probité et de discrétion professionnelle».

Lanceurs d’alerte ou manquement à l’obligation de réserve?

Dans le même communiqué, la direction assure que «les accusations portées par les syndicats SUD, CGT et le groupe “Blouses noires” ne sont pas fondées concernant la prétendue répression contre des agents lanceurs d’alerte.»

La direction conclut son communiqué en affirmant avoir alerté l’Agence régionale de santé (ARS) dès le 17 mars sur la pénurie de masques et n’avoir reçu des dotations suffisantes que tardivement: «Depuis le 31 mars 2020 (semaine 14), l’ARS a approvisionné régulièrement le CH du Rouvray à hauteur de 25.000 puis de 36.000 masques chaque semaine: le stock en masques chirurgicaux est actuellement de plus de 135.000 masques pour un besoin hebdomadaire de 20.000 masques en phase de déconfinement et de reprise des activités de l’hôpital.»

«C’est vrai, il y a eu pénurie au début mais la direction n’a pas voulu entendre notre proposition de faire confectionner des masques en tissu par les lingères de l’hôpital, assure Agathe Chopart. Nos collègues sont des lanceurs d’alerte, il n’ont pas dépassé la limite. C’est la direction qui a passé la limite en demandant de réutiliser des masques à usage unique et en décidant qu’on ne donnerait pas de masques aux patients en prétendant qu’ils ne sauraient pas s’en servir. La direction se sent mal à l’aise et nous attaque pour cette raison.»

Sons de cloche très différents

Marc-Aurélien Ducourtil, aide-soignant SUD, et ancien gréviste de la faim (lire Le Stéphanais 249), est l’un des neuf agents hospitaliers concernés par les procédures disciplinaires:

«On me reproche de m’être absenté de mon service en mars pour aller réclamer des masques à la direction et avoir essayé de nous en procurer en pharmacie. Un autre collègue vient d’être convoqué pour “mésusage de la mailing-list interne”. À un autre, un chef de service, on lui reproche d’avoir liké un infirmier sur Facebook. C’est ça le manque d’obligation de réserve dont parle la direction. Les autres sont convoqués pour propos injurieux et divulgation de notes internes.»

Selon le soignant, ses collègues et lui risquent une sanction «allant du blâme à la révocation de la fonction publique».

Mais une fois encore, direction et syndicats entretiennent des discours très différents. «C’est une nouvelle attaque contre nous après la grève de la faim de 2018», assure quant à lui Bruno Fresnard (CGT), ancien gréviste de la faim.

Front divisé

Il est toutefois à noter que la CFDT ne s’est pas jointe aux manifestants alors que les syndicats du Rouvray s’expriment habituellement en intersyndicale. «On n’était pas là car nous avons été insultés par des collègues d’un autre syndicat, nous accusant de “mensonges”. Moi je dis qu’il ne faut pas se tromper de cible. Le problème vient de l’État qui n’a pas su gérer la crise des masques. Mais l’intersyndicale n’est pas pour autant remise en question», assure Jean-Yves Herment, représentant CFDT et lui aussi ancien gréviste de la faim.

Les manifestants affirment continuer le combat tant que les procédures disciplinaires contre leurs collègues n’auront pas été retirées par la direction.

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