Le député de Seine-Maritime Hubert Wulfranc a passé deux jours à la Cop 26 de Glasgow avec une délégation de sept parlementaires français. Il n’en garde pas un souvenir impérissable.
La Cop 26, conférence internationale sur le changement climatique, s’est tenue durant deux semaines à Glasgow en Écosse. Elle vient de se terminer, et elle aura au moins eu le mérite de donner l’occasion aux médias de multiplier et mettre en avant des sujets liés au réchauffement climatique. Pour le reste, que peut-on en retenir ? « Une foire du Trône libérale ! », résume et assume le député de Seine-Maritime Hubert Wulfranc, qui a participé à la Cop 26 les 7 et 8 novembre avec une délégation officielle de sept députés français (cinq représentant la majorité parlementaire, et deux l’opposition).
Pendant ces deux jours, la délégation a assuré une douzaine de rendez-vous, en rencontrant des délégations parlementaires d’autres pays (Argentine, Costa Rica, RDC, Allemagne…), ainsi que des responsables des milieux associatifs et du monde de l’entreprise. Sur la forme, « c’est un exercice assez délicat, explique Hubert Wulfranc. Le temps de présence est limité à seulement deux jours, avec des conditions contraignantes. L’accès est difficile, les formalités longues, diverses et variées amputent le temps de travail. Les temps d’échange ont une dimension diplomatique et sont réduits à une demi-heure, il est fort difficile d’aller au fond des choses en si peu de temps, si tant est qu’on puisse aller au fond des choses sur des sujets aussi vastes que ceux liés au réchauffement climatique ». Sur le fond, « ce n’est pas vraiment satisfaisant, ces deux jours ont été peu productifs », regrette le député, qui a eu la confirmation de ce qu’il pressentait et que d’autres ont dénoncé avant lui : les conférences sur le climat sont d’abord des assemblées de pays riches, industrialisés, en dialogue de sourds avec les représentants des pays moins développés, pourtant déjà confrontés aux effets du réchauffement climatique.
« C’est ce qui s’est concrétisé comme étant majeur pour moi : la différence d’approche entre les pays du G20, les grands pays industrialisés, et les pays moins développés. Ce fut particulièrement net lors d’un entretien tenu avec les parlementaires argentins, qui ont fait état d’entrée de jeu de la priorité sociale, qui n’était pas à la hauteur de la priorité climatique dans les engagements promis durant la Cop. Les pays riches s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards d’euros sur cinq ans pour aider ces pays moins développés dans une transition climatique juste. À peine 80 milliards ont été mobilisés, et cet engagement n’est pas à la hauteur des enjeux considérables et urgents sur les besoins de la vie quotidienne, l’eau, les déchets, l’énergie ». La transition climatique est encore un chantier du futur pour les pays riches, alors que d’autres pays, ici et maintenant, doivent déjà gérer l’adaptation au changement climatique…
Assister dans le site de la Cop 26 à l’exhibition d’une luxueuse voiture électrique auprès de laquelle les gens se prenaient en photo n’a pas rassuré Hubert Wulfranc sur l’esprit de cette conférence. « Après le charbon, la vapeur, le pétrole, on nous vend l’ère de l’électricité, des nouvelles technologies qui représentent des marchés d’avenir pour des entreprises adeptes du green-washing et qui veulent continuer à gagner beaucoup d’argent. C’est une transition technique, mais qui ne remet pas du tout en question le système libéral ». D’où pour résumer la Cop 26 cette formule de « foire du Trône libérale », bien trouvée par un homme qui lui préfèrera toujours la fête de l’humanité.