Avec l’appui des structures et des acteurs associatifs locaux, la Ville tâche de veiller au respect des droits des femmes tout au long de l’année. En 2023, l’accent est mis sur la défense du droit à l’avortement et de la liberté de vie affective et sexuelle en général.
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« On agit toute l’année pour l’amélioration des droits des femmes, affirme Florence Boucard, conseillère municipale déléguée à l’égalité femmes-hommes et droits des femmes. Cela dit, notre action est plus visible lors de deux temps forts : celui autour du 25 novembre pour la semaine de lutte contre les violences faites aux femmes et le 8 mars pour la Journée internationale des droits des femmes. » En 2023, la Ville marquera le 8 mars avec une campagne baptisée « Mon corps, mon choix, mes droits ». « Il s’agit de réaffirmer la liberté qu’ont les femmes à disposer pleinement de leur corps, mais aussi de leur vie affective et sexuelle en général, détaille Salomé Perez, agente de développement social à Saint-Étienne-du-Rouvray. Cela passe entre autres par la volonté de garantir l’accès des femmes à des produits d’hygiène intime, l’accès à la contraception et le droit à l’avortement. »
Des produits d’hygiène gratuits partout en ville
De nombreuses femmes ne peuvent pas toujours s’acheter ou se procurer des produits d’hygiène intime utiles au moment des règles. On dit qu’elles sont en situation de précarité menstruelle. Pour les aider, des boîtes à dons sont accessibles dans toute la métropole rouennaise, dont neuf lieux stéphanais : les trois centres socioculturels, la Mief, le Périph’, la Station, le FC SER, le conservatoire et l’ACSH. Ces boîtes permettent aux femmes de se servir gratuitement en produits d’hygiène intime. Tout un chacun peut également contribuer à enrichir ces boîtes à dons en déposant d’autres produits neufs : serviettes hygiéniques (jour, nuit), protège-slips…
Dans tous les accueils de la ville, les habitantes et habitants trouveront une plaquette imprimée pour le 8 mars, avec tous les numéros et adresses des structures locales soutenant les droits des femmes (Planning familial, permanences d’écoute, numéros d’urgence…). « Le thème de cette année a été choisi en réaction à ce qui s’est passé aux États-Unis en 2022, avec la remise en cause du droit à l’avortement qui est désormais interdit dans plusieurs États, poursuit Florence Boucard qui reconnaît qu’il n’y a pas à aller si loin pour rencontrer le même problème. En Europe, l’avortement est interdit en Pologne, en Andorre, à Malte, au Vatican. »
Contre-exemple américain
En France, on pourrait penser que la question avance avec le récent vote du Sénat, à majorité de droite. Début février, il s’est prononcé en faveur de l’inscription dans la Constitution de la « liberté de la femme » de recourir à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). « C’est bien, mais pas suffisant, ponctue Florence Boucard. L’IVG est autorisée mais, dans les faits, il manque des structures de proximité pour que ce droit soit bien mis en application, pour toutes. On rencontre le même problème dans beaucoup de domaines de la santé, y compris la santé mentale : il n’y a pas suffisamment de moyens. Pour les femmes ayant des problèmes de mobilité ou des difficultés à parler de ces problématiques autour d’elles, c’est encore trop compliqué. »
Repérer et accompagner
En plus des rendez-vous prévus autour du 8 mars, d’autres initiatives en soutien des femmes verront le jour en 2023, comme des ateliers estime de soi ou des cours de self-défense. « La Ville met aussi en place des formations pour sensibiliser les agents au repérage de situations précaires ou dangereuses pour les femmes », poursuit Florence Boucard. Au centre communal d’action sociale (CCAS), une assistante sociale est par ailleurs spécialisée sur ces questions. « C’est tout un maillage, conclut l’élue. Des femmes accueillies par des associations ou pour d’autres questions au CCAS finissent par être accompagnées pour faire valoir leurs droits ou être protégées en cas de violence. »
« Si les femmes s’arrêtent, la société s’arrête »
Soutenue par trois syndicats nationaux, une union de collectifs féministes appelle les femmes à la grève du travail salarié et domestique le 8 mars prochain. Les éclairages d’Élodie Bedouet, militante du Groupe d’action féministe (Gaf) de Rouen.
À qui s’adresse cette grève et en quoi consiste-t-elle ?
Cet appel à la grève du 8 mars s’adresse à toutes les femmes. C’est une initiative peu connue en France mais assez suivie en Espagne et dans plusieurs pays d’Amérique latine. Trois principaux syndicats (FO, CGT, Solidaires) doivent déposer un préavis de grève national afin de permettre aux salariées de faire grève. Mais l’idée est aussi que les femmes ne consomment pas dans les magasins ce jour-là, qu’elles stoppent tout travail domestique, toute tâche à la maison, dans l’éducation, la famille…
Que met en lumière un mouvement comme celui-ci ?
La mise en retrait des femmes sur une journée montre à quel point le fonctionnement du système économique actuel, capitaliste, couplé au patriarcat, pousse à une répartition injuste des tâches et à la surconsommation. Les femmes sont majoritaires dans les métiers du service, de la santé et de l’aide à la personne, des métiers indispensables mais extrêmement précarisés. Avec la grève, on peut montrer que si les femmes s’arrêtent, c’est toute la société qui s’arrête avec elles.
Comment soutenir cet appel à la grève ?
Il faut se battre chaque jour pour l’égalité salariale, la lutte contre les violences, contre la réforme des retraites. Les hommes doivent endosser un rôle d’alliés en s’informant sur les inégalités, en prenant à leur charge plus de tâches comme la garde des enfants, en posant des questions, sans pour autant prendre la place des femmes ni parler à leur place. Le 8 mars, les groupes féministes appellent également à un rassemblement unitaire à 17 h devant le palais de justice de Rouen.
“Mon corps, mon choix, mes droits” : cinq événements autour du 8 mars
Mercredi 1er mars
Place au café
Tout public
Temps d’informations et d’échanges autour du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes.
- De 10 h à 12 h – Place du marché du Madrillet
Du 3 au 26 mars
Exposition « Droits de la femme, l’histoire inachevée… »
Du XVe siècle à la Révolution française, par leurs écrits ou par leurs actes, des femmes se sont interrogées sur leurs droits. Cette exposition évoque les principaux épisodes de cette lutte, qui se poursuit sans interruption depuis deux siècles.
- Centre socioculturel Georges-Déziré, 271 rue de Paris
Mardi 7 mars
Petit-déjeuner avec le Planning familial
Tout public
Temps d’échanges et d’informations autour de la vie affective et sexuelle.
- De 9h à 11h – Maison du projet, Place Jean-Prévost
Mercredi 8 mars
« Presqu’illes » par le théâtre de la Brunante
A partir de 14 ans
Une comédienne se présente en tant qu’autrice. Ce mot « autrice » suscite des réactions d’une violence inattendue. Alors elle décide de prendre sa défense et voici qu’une sorte de tribunal surgit, qui verra des expertes plaider en sa faveur.
- De 20h à 21h30 – Centre socioculturel Georges-Déziré, 271 rue de Paris
Mercredi 15 mars
On sexprime
À destination des jeunes (11-25 ans), avec l’association Couples et familles 76
Temps d’échanges et de débats autour de la vie affective et sexuelle.
- De 15h à 17h – Le Périph’ – Avenue de Felling