Le 15 décembre s’est tenu le dernier conseil municipal de l’année. Et le plus important, puisqu’il est l’occasion pour les élu·es de voter le budget de l’année suivante.
Construit sur un équilibre à trouver entre les dépenses et les recettes, le budget sert à « faire tourner » la Ville, grâce à des équipements et des services publics, assurés par des agents employés par la mairie. Et tout le monde est sans doute au courant: en 2022, les dépenses ont explosé, que ce soit pour les habitants ou la mairie. L’inflation a entraîné une hausse importante des dépenses liées à l’énergie, l’alimentation ou les chantiers en cours.
Dans le même temps, et depuis longtemps, l’État assèche le budget des communes par la suppression de taxes locales notamment (taxe d’habitation ou sur les entreprises). Depuis plusieurs mois, l’équipe municipale s’est mobilisée pour rencontrer les Stéphanaises et Stéphanais, et travailler à cette équation compliquée: comment faire entrer plus d’argent dans les caisses de la Ville et en dépenser moins, tout en continuant à assurer la qualité du service public local ?
En prévoyant les divers postes de dépenses et de recettes, avec de gros investissements prévus sur les chantiers de la médiathèque et du futur groupe scolaire Pierre-Semard, la Ville avait besoin de trouver deux millions d’euros pour boucler le budget 2023, qui s’élève à près de 62 millions d’euros.
Pour augmenter ses recettes, la Ville dispose d’un unique levier: la hausse de la taxe foncière, fixée à 4,5 points. C’est donc ce qui a été proposé par le maire et globalement compris par les différentes sensibilités de la majorité municipale (l’opposition étant absente).
« Ici plus qu’ailleurs s’expriment des besoins sociaux importants. Comment assurer la qualité du service public ? La question s’est posée rapidement. L’ensemble des groupes de la majorité a travaillé pour réduire la hausse du taux du foncier, en proposant des économies. Mais aucun des groupes de la majorité n’a proposé de supprimer un service public communal », rappelle le maire Joachim Moyse.
« Les dépenses de fonctionnement, c’est pour défendre les besoins de la population. La crise sociale ne date pas d’hier. La Ville a toujours voulu jouer son rôle d’amortisseur social, et continue à le faire aujourd’hui. On ne peut pas accepter l’affaiblissement du service public local, voulu par le gouvernement. La taxe foncière, c’est le seul levier qu’il nous reste pour continuer à poursuivre notre action », appuie la conseillère municipale Marie-Pierre Rodriguez.
« Le recours au levier fiscal, personne ici n’y est favorable. Mais sans ça on affaiblit le service public. C’est une décision, non un choix », explique Johan Queruel pour le groupe Rouvray Debout.
« Nous regrettons la hausse, à l’heure où ce sont des dépenses contraintes qui explosent. Nous votons ce budget, avec ce nouveau taux, sans enthousiasme et avec des regrets. Mais ce budget soutient la solidarité de manière générale », déclare Gabriel Moba pour le groupe Élu·es socialistes écologistes pour le rassemblement. Les prises de paroles successives de différents élus (Anne-Émilie Ravache, Murielle Renaux, Hubert Wulfranc, Nicole Auvray, Pascal Le Cousin) vont dans le même sens: la hausse de l’impôt foncier n’est pas une solution miracle, mais elle est nécessaire pour continuer à financer le service public stéphanais. C’est aussi le choix fait par énormément de communes en France.
Le seul vrai bémol vient de l’adjoint David Fontaine, pour le groupe Europe Écologie les Verts.
« Nous travaillons en bons termes avec les groupes communistes et socialistes. Nous avons des différences, des solutions qui ne sont pas les mêmes. Notre groupe ne voulait pas d’une augmentation des taux communaux. » À quoi Pascal Le Cousin, adjoint du groupe Communistes et citoyens, ne manquera pas de répondre en rappelant qu’au conseil de la Métropole le groupe écologiste ne s’était pourtant pas opposé à une hausse de la fiscalité locale…
Au moment du vote, le budget qualifié de “résistant et protecteur” dans la présentation qu’en a faite le maire a été très majoritairement adopté.