En septembre, le centre socioculturel Georges-Déziré révèle l’histoire des cinémas à Saint-Étienne-du-Rouvray. Une expo et une conférence à ne pas rater !
Ça commence comme dans un film d’espionnage. Au début de l’année 2021, Antoine Hardy, l’acteur principal de cette histoire, explore le disque dur d’un ordinateur à la recherche d’informations d’état civil (qui n’auront rien à voir avec cette histoire), quand il tombe sur un document qui l’intéresse : une affichette ancienne du Cinéma des familles.
Pour Antoine Hardy, rouennais diplômé d’histoire qui a pendant quatre ans participé aux travaux de l’atelier Histoire et patrimoine avant de déménager au Havre, c’est le début d’une quête et d’une enquête pour reconstituer l’histoire du cinéma à Saint-Étienne-du-Rouvray.
De l’histoire ancienne, oui, car le dernier cinéma stéphanais, le Rialto de la rue Lazare-Carnot, a fermé en 1974. Aujourd’hui, l’unique vestige visible d’un cinéma à Saint-Étienne-du-Rouvray, c’est le bâtiment du Gaumont, fermé lui aussi depuis cinquante ans, et qui a ensuite hébergé un salon de coiffure puis un magasin de vélos, puis plus rien (rue Lazare-Carnot, en face du restaurant Le Commerce). Seuls les anciens peuvent s’en souvenir, mais Saint-Étienne-du-Rouvray a pourtant été une ville très cinéphile.
Ciné cité
« Entre 1905 et 1975, il y a eu une douzaine de cinémas sur la commune. En proportion, c’est plus que dans d’autres villes. L’âge d’or, c’est les années 1920 et 30 », explique Antoine Hardy. Pour preuve : ces vers de La Chanson de Saint-Étienne-du-Rouvray composée à la même époque : « D’autres vont au Cinéma des familles / Pour applaudir Max Linder ou Charlot / Et comme il fait noir alentour / Ils se font des mamours »…
Pour ses recherches, Antoine Hardy a commencé par interroger ses parents, qui sont Stéphanais et ont connu l’époque des cinémas. Puis il s’est plongé dans les livres, les journaux anciens, les archives municipales, celles de l’atelier Histoire et patrimoine et bien sûr internet, traquant la moindre référence au cinéma, épluchant les permis de construire et les arrêtés municipaux, croisant les infos, les sources et les fichiers pour reconstituer cette histoire oubliée et peu documentée.
Les dernières séances
Des noms émergent au générique de cette histoire : les frères Ernest et Auguste Rouland, Eugène Déroussis, Sylex Van Oosterwyck… L’Étoile belge, le Rialto, le Gaumont, le Cinéma des familles, le Familial, les Platanes qui fait à la fois brasserie, graineterie, salle de bal et donc cinéma…
Au départ, au début du XXe siècle, le cinéma est un art forain itinérant. Puis il se fixe dans des bâtiments en dur (ou en tôle, ou en toile, comme les maisons des Trois Petits Cochons) mais reste souvent une affaire d’artisan, de petit commerçant qui s’offre un complément de revenu avec cette activité. Mais l’arrivée des télés dans les foyers, puis des voitures individuelles, sonnera l’heure de la dernière séance pour ces cinémas de proximité.
CINÉ SCÈNE LIFE
Jonathan Tamion, ciném’actif
Le cinéma, il y a ceux qui y vont, ceux qui en parlent et ceux qui en font. Jonathan Tamion coche les trois cases.
Pour la légende urbaine, ce jeune Stéphanais cinéphile pratiquant est l’homme qui voulait ouvrir un cinéma indépendant sur la commune. Il a (pour l’instant) mis l’idée de côté, mais il continue à s’activer pour sa passion, avec son association Ciné Scène Life et lors d’ateliers labellisés Unicité. Il y a un an, il a repris avec Aurélien Grandfils l’animation des ateliers Ciném’ados (pour les 11-17 ans) et Ciném’adultes proposés au centre socioculturel Jean-Prévost, qui connaissent un vrai succès. Les participants y découvrent tout le processus de création d’un film, de l’écriture de scénario au tournage en passant par le montage et la diffusion. « Il y a une envie de cinéma de plus en plus grande de la part des jeunes, certains veulent même en faire leur métier, on essaie de les accompagner », dit-il.
Pour présenter et partager les films réalisés au fil des années, Jonathan vient de lancer la chaîne YouTube Ciném’ateliers. Et, à la rentrée, il ouvre une nouvelle section Ciné’jeunes, pour les 18-30 ans. Avec à l’horizon 2024 (ou 2025) un autre grand projet : créer un festival de cinéma à Saint-Étienne-du-Rouvray.
Les ateliers ont lieu au centre socioculturel Jean-Prévost le mercredi de 17 h à 19 h pour les ados, le jeudi de 18h30 à 20h30 et le vendredi de 18 h à 20 h pour les adultes. Renseignements au 02.32.95.83.66 et inscriptions via Unicité.