Le géant finlandais UPM a annoncé en septembre la mise en vente de son usine Chapelle-Darblay de papier journal à Grand-Couronne. 236 emplois sont menacés sur ce site lié à l’histoire stéphanaise.
Les 236 salariés espéraient sans doute célébrer en 2028 le centenaire de leur usine de papier journal 100% recyclé. Mais ils n’en auront peut-être pas l’occasion. Le finlandais UPM-Kymmene, le groupe propriétaire du site de Grand-Couronne et de 14 autres usines en Europe, a en effet annoncé le 10 septembre son intention de «réduire sa capacité de papier journal afin de préserver sa compétitivité en Europe».
Ce groupe aux 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires arbore pourtant une santé insolente. Il se vante de «verser [aux actionnaires] des dividendes attrayants, représentant 30 à 40% de l’excédent d’exploitation [bénéfices avant impôts et amortissements, ndlr] annuel de la société».
Le groupe affiche son intention de vendre son usine normande mais, affirme-t-il dans son communiqué, «si aucune offre crédible n’est reçue à la mi-janvier 2020», il n’hésitera pas à fermer son usine «d’ici la fin du deuxième trimestre 2020».
«Le site est viable»
Arnaud Dauxerre, cadre à Grand-Couronne, y voit «un message adressé aux marchés» au terme d’une stratégie délibérée du groupe «pour plomber les résultats du groupe en vue d’une fermeture». Pourtant, ajoute le cadre, «le site est viable, il suffirait d’y réinjecter 30 à 50 millions d’euros».
Au regard des 33 millions d’euros (M€) que le groupe assure vouloir injecter dans sa «restructuration» et des 120 M€ de chiffre d’affaires que génère l’usine grand-couronnaise, on se demande où est la logique…
Le député Hubert Wulfranc et la sénatrice Céline Brulin ont obtenu une réunion de travail au ministère de l’Économie le 9 octobre afin d’évoquer l’avenir de l’usine. Au terme de cette rencontre, l’État s’est engagé «à être exigeant quant aux plans présentés par les potentiels repreneurs afin de garantir une reprise viable sur le long terme».
Les deux parlementaires estiment toutefois que «l’État doit s’engager beaucoup plus avant […] alors même que la question du recyclage de papiers constitue un enjeu environnemental majeur et que Chapelle Darblay permet de répondre de manière rigoureuse aux plus hautes exigences écologiques.»