Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté jeudi 5 décembre à Rouen contre la réforme des retraites. Les syndicats réfléchissent à la poursuite du mouvement…
Entre 30.000 et 40.000 personnes ont défilé ce jeudi 5 décembre dans les rues de Rouen, selon les syndicats. L’appel à la grève lancé par plusieurs syndicats, à l’exception notable de la CFDT au niveau national, aurait mobilisé 806.000 personnes en France, selon le ministère de l’Intérieur qui recense 245 rassemblements ou manifestations dans le pays. Les organisations syndicales ont dénombré quant à elles 1,5 million de personnes…
Des militants CFDT étaient toutefois bien visibles dans la manifestation rouennaise. Pascal De Maayer, secrétaire adjoint de la CFDT métallurgie 76, s’en explique : «Contrairement à la CGT, la CFDT n’est pas contre un système de retraite à points universel et solidaire mais on a démocratiquement décidé de venir manifester pour mettre le gouvernement en garde. Nous voulons de la transparence et un régime solidaire et juste avec la prise en compte de la pénibilité que ce soit dans le public ou dans le privé avec une pension minimum égale au Smic.»
Mouvement interprofessionnel
Dans le cortège compact, on distinguait les bannières de l’ensemble du monde syndical (FO, CGT, UNSA, SUD, CFTC, etc.), des Gilets jaunes et des représentants de nombreuses professions. Sapeurs-pompiers, infirmières, fonctionnaires territoriaux, enseignants, lycéens, retraités, ouvriers ont marché dans le calme et sans incident jusqu’à la Préfecture. Hormis quelques policiers en civil mêlés aux manifestants, les forces de l’ordre étaient absentes aux abords du cortège.
Parmi les slogans chantés ou écrits sur des pancartes, plusieurs faisaient référence aux régimes de retraite des élus de la République : «Réforme des retraites : tous au même régime que celui de nos élus», pouvait-on lire.
Déficit des retraites et fraude fiscale
Selon un rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), le déficit du régime actuel serait de 7,9 à 17,2 milliards d’euros en 2025, selon le modèle retenu.
Ce déficit justifierait à lui seul la réforme envisagée par le gouvernement. Mais un rapport de la Cour des comptes révèle ce mois-ci que la fraude à la TVA serait à elle seule de «l’ordre d’une quinzaine de milliards d’euros » et que, dans ce domaine très peu mesuré de la fraude fiscale, «très peu de progrès ont été réalisés par les administrations»…
Or, même si la Cour des comptes assure, sans vraiment argumenter, que les montants de la fraude fiscale sont «souvent improprement présentés comme une « cagnotte » qui pourrait être intégralement mobilisée pour la réduction des déficits et de la dette publique», on ne peut que s’étonner de la différence de zèle que le gouvernement met dans son action, selon qu’il veuille réformer les retraites des plus modestes ou lutter contre la fraude des riches…
Après cette première journée de mobilisation, les organisations syndicales se réuniront en fin de journée afin de décider de la suite à donner à l’action.