Naomi Bennasser, l’autrice sur les traces de son grand-père

Dans son livre L’Aller-simple, Naomi Bennasser retrace l’histoire de son grand-père Miloud, arrivé du Maroc au début des années 1970 et qui a vécu et fini sa vie à Saint-Étienne-du-Rouvray. Un récit profond et bouleversant.

Miloud Bennasser, dont la vie est racontée dans L’Aller-simple, vous l’avez peut-être croisé sans le remarquer. À Saint-Étienne-du-Rouvray ou dans une de ces villes ouvrières françaises qui dans les années 1960-70 ont accueilli des jeunes hommes venus du Maghreb pour faire tourner les usines. Puis quand les usines ont moins tourné, l’histoire s’est enrayée. Miloud et les autres sont restés et sont devenus des chibanis, des grands-pères aux histoires pleines de silences et de questions.

À quelques décennies d’écart, Naomi Bennasser incarne une autre histoire. Elle est la petite-fille de Miloud, d’ascendance marocaine côté paternel et française par sa mère. Elle est une « citoyenne du monde », une vraie. Entre ses deux cultures, elle en a choisi une troisième. Elle a toujours aimé écrire, et d’abord en anglais avec le recueil de poèmes Gold, publié en Angleterre sous le nom de Naomi B. Il faut la mort de Miloud en 2020 pour qu’elle écrive en français et sous son nom complet cette histoire, qui la raconte elle autant que lui.

« En imaginant ce que mon grand-père a vécu et ressenti, au moment de son immigration ou même pendant son enfance, je me suis sentie beaucoup plus proche de lui. Ça m’a fait du bien, parce que c’est quelqu’un qui ne partageait pas vraiment ses émotions », dit-elle.

Des espérances et des drames

Né en 1934, Miloud Bennasser venait de Benslimane au Maroc. Il est arrivé en Normandie en 1972, pour travailler à l’usine Bertel. Il a vécu sa vie ordinaire et pourtant hors du commun d’immigré, avec des espérances, du labeur, des bonheurs, des drames et la mort au bout. Il repose aujourd’hui au cimetière du Madrillet. Le roman de sa petite-fille alterne les chapitres d’enfance au Maroc, de vie qui se construit puis s’achève en France, et les réflexions et observations sur sa propre identité culturelle. Cette histoire intime, familiale, est aussi beaucoup plus vaste. Car la façon dont Naomi Bennasser la raconte est assez unique. Son écriture est rythmée, précise et ciselée, la pointe d’une lame qui appuie là où ça fait mal ou du bien.
Elle écrit simplement et tout en nuances, décrit et imagine sans pathos, et fait naître l’émotion et la réflexion à toutes les pages.
Dans un monde idéal, ce roman devrait être entre toutes les mains. Celles des immigrés et de leurs descendants, mais aussi les autres, pour leur permettre de comprendre. Quand Naomi Bennasser parle de ce « sentiment d’avoir traversé une frontière en passant le seuil de la maison » (celle de ses grands-parents), le lecteur éprouve la même chose en entrant dans le livre. Il le refermera en ayant appris des choses et un peu chamboulé par cette belle invitation à partager la vie de la famille Bennasser.

INFOS

L’Aller-simple (éditions La petite Hélène). Consulter le compte Instagram de Naomi pour connaître les points de vente.

Votre navigateur est dépassé !

Mettez à jour votre navigateur pour voir ce site internet correctement. Mettre à jour mon navigateur

×