Les Kurdes de Syrie subissent l’invasion meurtrière des troupes d’Erdogan. Les Kurdes stéphanais demandent de ne pas oublier leurs sœurs et leurs frères qui ont vaincu Daech.
Depuis le 9 octobre, les troupes du président turc Recep Tayyip Erdogan ont engagé une attaque meurtrière contre le Rojava, la région autonome kurde située au nord-est de la Syrie (lire Le Stéphanais n°232). Cette invasion militaire a été engagée suite à la décision de Donald Trump de retirer les troupes américaines de cette zone frontalière, laissant le champ libre à l’armée turque.
À Saint-Étienne-du-Rouvray et à Rouen où vivent plus de deux cents familles kurdes, cette nouvelle offensive contre leurs compatriotes de Syrie sonne comme une « trahison ». « Nous nous sentons trahis par les Américains mais aussi par les Européens et les forces de l’Otan, explique Mickaël Demir, le président de l’association des Kurdes de Rouen. Les forces kurdes du Rojava ont battu Daech et elles ont été abandonnées. Nous voulons dire au gouvernement français et à l’Union européenne, au monde entier, de stopper le massacre en cours contre les Kurdes qui ne demandent qu’à vivre en paix dans leur pays, sur leur territoire. Les Kurdes ne sont pas des terroristes, ce sont des alliés de la France. »
Jeudi 17 octobre, lors du conseil municipal, le maire Joachim Moyse condamnait l’invasion turque du Rojava, qualifiant Recep Tayyip Erdogan de « dirigeant dictatorial ». Le maire rappelait également le rôle de premier plan joué par les Kurdes dans la lutte contre Daech. Le maire a néanmoins rappelé « la nécessité de paix, ici à Saint-Étienne-du-Rouvray, où les communautés kurde et turque continuent de vivre en paix ».
Rojava menacé
Qualifiée de « nettoyage ethnique » par les Kurdes, cette invasion militaire turque a pour but de réduire à néant l’expérience politique menée au Rojava où ne vivent pas que des Kurdes mais aussi des Arabes, des chrétiens et des musulmans. Cette région à l’est de l’Euphrate vit en effet depuis 2013 une expérience politique fondée sur la démocratie directe, l’écologie et le féminisme, sous l’égide du PYD, le parti kurde syrien proche du PKK turc, le parti des travailleurs du Kurdistan. Les forces armées du Rojava, constituées des Forces démocratiques syriennes (FDS) fédérant en leur sein les combattant.e.s kurdes des YPG et YPJ et des combattants arabes et assyriens, ont combattu en première ligne contre Daech, comme le rappelle Mickaël Demir : « Nous demandons aux Stéphanais, aux Rouennais, de ne pas oublier que les Kurdes sont les alliés de la France et qu’ils ont battu Daech. Ils ont sauvé l’humain face à une organisation criminelle et barbare. »
Selon les organisations kurdes au Rojava, l’attaque d’Erdogan a causé « une catastrophe humanitaire », tuant des centaines de civil.e.s et de combattant.e.s des FDS et déplaçant 300000 personnes.