«Nous vivons un moment inédit»

Le maire Joachim Moyse a répondu aux questions du Stéphanais par téléphone en raison des consignes de confinement général décidées par le gouvernement.

Nous sommes au deuxième jour du confinement général. Les Stéphanais observent les consignes. Que leur dites-vous?

D’abord, je voudrais dire aux Stéphanaises et aux Stéphanais que je pense à eux. Nous vivons un moment inédit, ce sont des circonstances en tous points hors du commun.

C’est pourquoi, dans cette situation exceptionnelle, j’ai décidé de mettre tout en œuvre pour que les gens les plus vulnérables reçoivent la meilleure attention de nos services municipaux. Notre toute première attention doit être dirigée vers les personnes âgées, vers les personnes isolées, vers les précaires et les travailleurs indépendants, vers les commerçants, que la situation risque de fragiliser encore un peu plus sur le plan économique.

J’ai également une pensée pour nos personnels hospitaliers qui sont en première ligne. La Ville a mis en place pour eux un système de garderie dans les écoles.

Je pense également aux agents de la sécurité publique qui seront amenés à faire de la médiation et de la pédagogie pour endiguer l’expansion des risques sanitaires liés aux déplacements extérieurs.

Je souhaite, enfin, que la Ville puisse poursuivre son action pour améliorer la vie quotidienne des habitants qui se trouve fortement bouleversée.

Mais je ne peux que constater, avec une très grande frustration, que nos moyens de service public communal s’en trouvent considérablement réduits du fait des consignes de confinement et de mise à distance des personnes pour éviter la diffusion du virus. Je sais néanmoins que les services municipaux travaillent à assurer leurs missions essentielles auprès des gens et je veux les en remercier. Ils ont su, comme à leur habitude, s’adapter à la nouvelle situation et agir très vite. Le service de portage des repas à domicile est maintenu, ainsi que la présence des agents de la tranquillité publique dans nos rues. Les accueils physiques sont encore possibles en mairie mais en respectant les consignes drastiques qu’imposent la situation.

Le maintien du service public stéphanais n’empêchera toutefois pas que la vie des Stéphanaises et des Stéphanais sera bousculée. J’en ai conscience et je leur répète de ne pas hésiter à se tourner vers les services de la Ville en cas de difficultés.

Votre liste a été élue au premier tour dimanche dernier avec 78,94% des suffrages exprimés. Que ressentez-vous?

Je ressens comme un goût un peu amer. Je me réjouis bien sûr de l’annonce des résultats de dimanche soir et je remercie les Stéphanaises et les Stéphanais qui se sont déplacés. Grâce à eux, la liste que je conduisais a été élue de manière très nette. Mais la frustration est quand même là. On ne peut pas se satisfaire d’un tel taux d’abstention dû aux conditions sanitaires actuelles. Je sais qu’un grand nombre de personnes n’ont pas pris le risque d’aller voter. Je me réjouis toutefois que le Président Macron ait suspendu les réformes des retraites et de l’assurance chômage. J’espère que les discussions reprendront sur de meilleures bases et que notre système solidaire par répartition sera maintenu.

Le gouvernement a reporté le second tour en juin pour les 5.000 communes qui n’ont pas encore élu leur maire. Ici, comme dans les 30.000 communes où il n’y aura pas de second tour, les conseillers élus doivent maintenant élire le maire lors d’un conseil municipal d’installation. Quand cela se fera-t-il à Saint-Étienne-du-Rouvray?

Il est trop tôt pour se prononcer avec certitude. Je le répète: la situation est totalement inédite. Pour le moment, nous avons beaucoup de questions sans réponses. Néanmoins, pour l’instant, le conseil d’installation est maintenu vendredi à 18 heures. Nous sommes en train de réfléchir à sa mise en œuvre dans les conditions optimales de sécurité sanitaire. Un décret devrait être pris pour permettre aux conseillers municipaux à la santé fragile de donner un pouvoir à leurs collègues, chose qui n’était pas possible jusque-là.

Mais au-delà de ces questions finalement assez secondaires au vu de cette période particulièrement inédite, je souhaite voir émerger les conditions du développement de nouvelles solidarités, par le biais des services municipaux, d’institutions, mais aussi par les initiatives personnelles.

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