Le conseil municipal de jeudi 17 octobre a été marqué par une prise de parole du maire et des élus sur l’incendie de Lubrizol, survenu jeudi 26 septembre à 2 h 40 du matin. Le maire a également évoqué le sort des populations kurdes du nord de la Syrie soumises à l’attaque des troupes du président turc.
Le maire est longuement revenu sur la chronologie des événements qui ont émaillé la catastrophe Lubrizol. Il a pointé «les défaillances dans la chaîne de communication et de la chaîne de consignes et de précautions à prendre de la part des services de l’État et plus particulièrement de la préfecture».
Joachim Moyse a notamment déploré l’absence de consignes aux élus et aux habitants stéphanais pendant et après l’incendie. Le maire a également évoqué l’épisode du prélèvement près de l’école Langevin qui avait suscité de fortes inquiétudes, là encore «sans consigne supplémentaire de la préfecture».
Un prélèvement qui s’est ensuite avéré «erroné» après une contre-expertise demandée par la Ville auprès du laboratoire indépendant SGS. L’analyse n’a révélé aucun résultat inhabituel.
Pour le groupe des «élu.e.s communistes et républicains», Daniel Vezie a quant à lui évoqué les «défaillances graves du gouvernement» en matière d’information des habitants et des élus.
Pour le groupe «élu.e.s vraiment à gauche, soutenus par le NPA», Noura Hamiche a pointé «l’accumulation des multiples infractions au code de l’environnement commises par l’entreprise Lubrizol» et la «condamnation dérisoire de 4000 €» à laquelle avait été condamnée l’entreprise après l’accident de janvier 2013.
La conseillère municipale d’opposition a en outre affirmé que «Macron avait joué avec les allumettes avec sa politique d’assouplissement des règles demandées par le patronat». «La question d’un scandale d’État est clairement posée», a-t-elle conclu.
Pour le groupe des «élu.e.s socialistes écologistes pour le rassemblement», Gabriel Moba M’builu a salué l’action des services publics locaux lors de cette catastrophe industrielle, brossant par contraste le portrait de la politique du gouvernement: «On peut la résumer en trois mots : dérégulation, démantèlement et destruction». Il a évoqué «une situation sociale explosive» avec «des chiffres inédits s’agissant des inégalités sociales», faisant ainsi référence à l’enquête publiée par l’Insee.
Pour le groupe «élue Droits de cité mouvement ensemble», Michelle Ernis a salué «les enseignants et le personnel des Animalins [qui] ont pris leurs responsabilités lors de l’incendie».
Ayant récemment démissionné du parti Génération.s de Benoît Hamon pour adhérer au parti Europe Écologie Les Verts (EELV), David Fontaine a pour sa part pointé «le modèle de destruction accéléré de notre environnement» causé «par des actions [du gouvernement] menées trop timidement».
Services publics indispensables
Le maire a conclu cette prise de parole collective par un «plus jamais ça», invitant les autorités de l’État à «consolider une culture du risque prenant en compte de manière lucide les dangers qui nous environnent».
Il a souligné que cette catastrophe avait là encore pointé l’importance des services publics:
«Si on réduit le nombre de pompiers, comment éteindre le feu ? Si on réduit le nombre de policiers, comment assurer la circulation des secours ? Si on réduit le nombre de personnels soignant, comment accueillir les victimes ? Si on réduit le nombre de personnels dans les écoles, comment accueillir les enfants et les jeunes dont ils ont la responsabilité en cas de confinement et de sécurisation ? Si on diminue les services de l’État, comment les personnels de la Dreal [direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, un service déconcentré de l’État, ndlr], comment les personnels de l’Agence régionale de santé (ARS) pourront-ils continuer à nous conseiller pour agir et réagir face à de telles catastrophes ? Si on diminue les personnels dans les collectivités locales, comment faire face à ces catastrophes, sans personnels pour nettoyer les cours d’école ?».
Populations kurdes attaquées
Joachim Moyse a ensuite évoqué le sort des populations kurdes du nord de la Syrie victimes de l’offensive turque, suite à la décision de Donald Trump d’en retirer ses troupes:
«Les Kurdes ont aussi combattu en Syrie pour notre intérêt. Ils ont combattu le fondamentalisme de Daech dans une zone où maintenant les populations kurdes sont attaquées et livrées à un bain de sang par décision inacceptable d’un dirigeant dictatorial qu’est Erdogan [le président de la Turquie, ndlr]. Cette attaque a permis la libération de combattants de Daech. Les populations kurdes se retrouvent maintenant en tenailles entre les troupes d’Erdogan et de Daech.»
DOB et Charte de l’arbre
Le conseil municipal s’est ensuite ouvert sur le débat d’orientation budgétaire (DOB). Le maire a insisté sur «les priorités sociales et éducatives» de la Ville avec «un budget pour 2020 qui permettra à la prochaine équipe de disposer des moyens nécessaires pour continuer au minimum les projets municipaux engagés sur ce mandat».
Le maire a en outre insisté sur le fait que «la Ville n’avait pas recouru à l’emprunt en 2018 et qu’il n’y aurait pas d’augmentation du taux d’imposition locale pour 2020».
L’adjoint au maire Pascal Le Cousin a ensuite présenté la Charte de l’arbre. Ce texte est «une reconnaissance de l’arbre comme élément structurant du paysage stéphanais» a-t-il indiqué.
La charte se propose d’articuler l’attention portée aux 5.500 arbres de la ville autour de trois axes: s’adapter au changement climatique «en constituant des îlots de fraîcheur grâce aux arbres»; considérer l’arbre comme un être vivant et «de s’efforcer de conserver les arbres existants dans les projets»; sensibiliser et aménager autrement «en considérant notamment que la nature contribue à la qualité de vie».