“Mon projet, c’est la continuité”
Depuis mi-février, le Rive Gauche a un nouveau directeur, Benoît Geneau, arrivé pile pour fêter les 30 ans du théâtre stéphanais avec l’équipe et le public. Son parcours, son projet et ses liens avec le Rive Gauche : il nous dit tout.
Le Stéphanais : Quel a été votre parcours avant d’arriver au Rive Gauche ?
Benoît Geneau : Je suis originaire de Louviers. J’ai commencé par travailler dans l’éducation populaire et l’animation socioculturelle, en tant qu’animateur puis directeur. Puis j’ai développé les musiques actuelles au conservatoire de Val-de-Reuil. L’idée, c’était de faire le lien entre l’enseignement de la musique et un public jeune qui ne fréquentait pas le conservatoire. Ça a plutôt bien marché. J’ai créé Les soirées du Caméléon, un festival pour faire se rencontrer sur scène des musiciens amateurs et professionnels. Ce festival qui a très bien marché m’a donné envie de faire de la programmation. J’ai ensuite pris la direction du service culture de Val-de-Reuil, puis la direction du théâtre des Chalands, pendant 4 ans. Une belle première expérience qui a développé mon goût pour la programmation et la direction d’établissement culturel. J’ai ensuite été professeur des écoles pendant trois ans, puis j’ai postulé pour la direction du centre culturel Juliobona à Lillebonne. J’y suis resté six ans et me voici au Rive Gauche.
Le Stéphanais : Que représente le Rive Gauche pour vous ?
Benoît Geneau : C’est une des salles les plus emblématiques de la région et de ma jeunesse. J’y ai construit mon identité culturelle. Déjà du temps où Robert Labaye était le directeur, je venais y voir des concerts, comme Dick Annegarn. Pendant mes études, je suis venu au Rive Gauche, j’ai participé à des réunions. C’est ici que j’ai découvert la danse. Et j’avais déjà pas mal travaillé avec le Rive Gauche quand j’étais à Val-de-Reuil et Lillebonne. On avait monté ensemble le projet Les Gens d’à côté, en 2020/21, avec Bouba Landrille et la compagnie Malka. C’était un projet avec des jeunes des deux villes, pour une création chorégraphique avec des danseurs amateurs. Le spectacle avait été joué en plein Covid, à huis clos au Rive Gauche et à Juliobona, dans le cadre de nos saisons respectives. On avait ce passé commun entre les équipes. Il fallait donc que je postule, ce n’était pas possible autrement !
Le Stéphanais : Quel est votre projet pour le Rive Gauche ?
Benoît Geneau : En postulant, je connaissais le Rive Gauche et je trouve que ce théâtre fonctionne merveilleusement bien. Mon projet, c’est la continuité de ce qui se fait ! Une programmation pluridisciplinaire avec un axe fort sur la danse ; une saison culturelle ; un festival de danse qui s’appuiera sur « C’est déjà de la danse », mais avec une vocation à s’étoffer et s’étendre sur toute la métropole en 2025/2026 ; l’accueil des pratiques amateurs ; continuer à faire le premier et le dernier spectacle de la saison hors les murs, dans les centres socioculturels.
Si on veut que les habitants participent, il faut aller vers eux, travailler avec les centres socioculturels, les associations, le conservatoire, les écoles… Je m’engage complètement sur cet axe fort, qui est en phase avec ma formation de base et mes premiers métiers. Et puis nous allons poursuivre l’accompagnement à la création, l’accueil de résidences, essentiellement chorégraphiques. Avec l’idée d’apporter aux artistes autant qu’ils peuvent apporter au territoire.
Le Stéphanais : Quels sont les atouts du Rive Gauche selon vous ?
Benoît Geneau : Je vois des salles bien remplies, c’est un établissement qui fonctionne plutôt bien. Techniquement, c’est une salle qui a été très bien conçue. À 30 ans, les fauteuils sont un peu fatigués, quelques rafraîchissements seraient les bienvenus. C’est une très belle salle, bien pensée, clairement au service du spectacle vivant. Elle peut accueillir de très beaux spectacles, y compris des spectacles techniquement complexes.
Le Stéphanais : Vous êtes directeur mais aussi programmateur. Comment se monte une saison ?
Benoît Geneau : J’ai pu apporter des projets à moi dans la prochaine saison, tout n’était pas fait quand je suis arrivé. Je suis venu avec des projets, mais on a fait la programmation en concertation avec l’équipe. On a décidé ensemble. On voit la plupart des spectacles, soit en vrai, soit en captation vidéo. Ce qu’on ne voit pas, ce sont les créations, quand le spectacle n’est pas encore monté, comme Art avec François Morel ou le spectacle du Collectif Ès qui va être créé en résidence au Rive Gauche l’année prochaine. Et les têtes d’affiche en chanson, dont on peut se faire une idée sans les voir. Dans la plupart des cas, on fait un travail de repérage, qui prend un temps fou. Je dois voir environ 150 spectacles par an pour monter la programmation d’une saison.
À SAVOIR
Le Rive Gauche, c’est aussi…
L’activité du Rive Gauche, ça ne se passe pas que sur la scène du Rive Gauche. Toute l’année, l’équipe organise sur la commune des partenariats avec « les jeunes » au sens large, de la crèche à l’université en passant par les écoles et les collèges. Des ateliers théâtre et danse (notamment avec les classes Chad du Conservatoire), des créations de spectacles, des visites techniques du Rive Gauche, des séances spéciales pour les scolaires… Les centres socioculturels de la Ville et les associations comme l’Aspic et la CSF (Confédération syndicale des familles) ont elles aussi des projets avec le Rive Gauche. « Dans tous ces projets pour les enfants, on fait attention à associer les parents, explique Camille Gorde, chargée de l’action culturelle au Rive Gauche. Les familles doivent se sentir chez elles au Rive Gauche. Ce théâtre est le leur, dans leur ville. »
L’année prochaine, le Rive Gauche élargit son rayon en commençant un projet avec le centre hospitalier du Rouvray. Des jeunes patients vont participer à des ateliers de danse avec la compagnie rouennaise Moi Peau, pour créer un spectacle qui sera présenté dans la salle stéphanaise.