Un conseil municipal de solidarité envers la jeunesse

Jeudi 22 avril, le conseil a adopté plusieurs demandes de subventions importantes destinées à la création du futur groupe scolaire Pierre-Semard et la rénovation prochaine du centre de loisirs de La Houssière. Dans les échanges, la séance a été marquée par une levée de boucliers de l’ensemble des groupes de la majorité contre les propos “insultants” d’un élu de l’opposition.

Avec un coût prévisionnel estimé entre 10 et 14 millions d’euros, la création du futur groupe scolaire Pierre Sémard -qui devrait accueillir plus de 400 enfants- est prévue «à échéance 2023» sur la commune. Le conseil municipal réuni ce jeudi 22 avril en salle des séances a voté, à l’unanimité, les demandes de dotations de soutien à l’investissement local (DSIL) qui devraient contribuer, à hauteur de 2,4 millions d’euros, au financement de ce «projet phare du mandat» comme l’a qualifié le maire, Joachim Moyse.

Cette même subvention a également été sollicitée dans le cadre de la rénovation du centre de loisirs de La Houssière. Les travaux chiffrés à plus d’un million d’euros comprennent à la fois l’amélioration du confort de l’accueil des enfants, la sécurisation des abords du centre et la rénovation énergétique des bâtiments.

Côté recettes, le conseil a voté une délibération technique sur le nouveau taux d’imposition du foncier bâti. Cette disposition doit contrebalancer la suppression (d’ici 2023) de la taxe d’habitation dont bénéficient les communes. «Pour les habitants, cette délibération n’implique pas de hausse de l’impôt prélevé par la commune», a souhaité rassurer le maire.
Une autre délibération a quant à elle acté la hausse de 1% de la tarification solidaire (appliquée aux activités Unicité) pour la saison 2021-2022.

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Premier bilan pour le PLUS

Après le tour de parole mouvementé du début de séance (lire ci-dessous), le maire a souhaité dresser un premier bilan des actions menées par les services de la Ville dans le cadre du Plan local d’urgence sociale (PLUS) mis en place par la commune fin 2020. L’occasion de rappeler qu’une quarantaine de visites aux domiciles des Stéphanais·es isolé·e·s ont eu lieu et que plus de 300 appels “de courtoisie” ont été passés aux seniors depuis novembre 2020. Le système de portage de repas à domicile est passé, par rapport à l’année précédente sur la même période, de 3050 à 3680 repas distribués. Le Mobilo’bus a permis le déplacement gratuit pour soixante-quatre seniors au centre de vaccination de Sotteville-lès-Rouen, tandis que le travail du centre communal d’action sociale (CCAS) a permis d’accorder 20% d’aides en plus par rapport à l’année précédente.
Dans le cadre du soutien aux associations, la séance a permis aux élu·e·s de voter une nouvelle vague de subventions exceptionnelles aux associations qui en avaient fait la demande.

Les élu·e·s ont aussi approuvé plusieurs actions de solidarité adressées aux jeunes: la mise en place dans l’année de quatorze «Chantiers coup de pouce» destinés à offrir une expérience professionnelle aux Stéphanais·es de 16 ans et plus, présentant des risques de décrochages professionnel et scolaire ou des difficultés d’insertion. La création de dix missions de service civique sur la commune pour l’année 2021-2022, et le doublement des bourses Horizon pour les étudiants (jusqu’à 1000 euros).

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Les élus déplorent les conséquences de la crise

La première heure de la séance a concentré le traditionnel tour de parole, permettant à chaque composante politique du conseil d’évoquer les impacts de la crise sanitaire.

Pour le groupe des Élu·e·s socialistes écologistes pour le rassemblement, Léa Pawelski a regretté «la situation des salariés du privé, indépendants ou fonctionnaires qui accueillent du public ou assurent l’entretien des installations et qui ne sont pas considérés comme prioritaires à la vaccination ou pour l’accueil de leurs enfants». Et l’élue d’émettre ensuite une proposition pour lutter «contre l’isolement et permettant à chacun de profiter d’activités en plein air», celle d’ «envisager d’ouvrir aux familles les cours d’école les week-ends et pendant les vacances scolaires, pour multiplier les lieux de vie et de rencontre et de donner une autre place à l’école».

Pour le Nouveau Parti anticapitaliste, Noura Hamiche a d’emblée visé les décisions politiques du chef de l’État: «Les annonces de Macron du 31 mars n’étaient qu’une manifestation de plus du pouvoir qui cherche désespérément à faire face à la crise sanitaire sans toucher aux règles de base du capitalisme: l’accroissement à tout prix des profits privés et le démantèlement du service public. À nous d’imposer de véritables mesures de santé publique avec plus d’ouvertures de lits, l’embauche et la formation massive du personnel de santé, la réquisition de l’appareil de production et la levée immédiate des brevets sur les vaccins.»

De son côté, David Fontaine du groupe Europe Écologie Les Verts a déploré l’enfermement des étudiants tant sur le plan physique que psychique. «La vie de nos 2,5 millions d’étudiants, dont plus de 700.000 sont boursiers est chamboulée depuis plus d’un an. […] Les dépressions se multiplient et des étudiants sont passés à l’un des plus terribles des actes en se retirant la vie ces derniers mois. Saint-Étienne-du-Rouvray agit. La ville, la commune, la collectivité, le service public, la municipalité, la majorité, la gauche: ces sept mots sont importants car, mis bout à bout, ils dessinent une volonté politique qui peut sauver des vies et des parcours.”

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“Des insinuations et des mensonges”

Pour le groupe de l’opposition Citoyens indépendants républicains et écologistes, Brahim Charafi s’est d’abord fait l’écho d’une demande de Sarah Tessier, absente cette séance. «Pourquoi depuis le début du mandat buvons-nous de l’eau en bouteille? Nous vous demandons de faire une demande auprès de la Métropole pour une dotation en carafes». Le texte cité appelait ensuite chaque élu à «montrer l’exemple» en utilisant une gourde réutilisable. «Il est temps de mettre en place de petites actions qui auront de grandes conséquences». À cette question, le maire Joachim Moyse a rapidement répondu: «Nous utilisons habituellement des carafes mais avons depuis un an opté pour des bouteilles pour des raisons sanitaires».

La suite de l’intervention de Brahim Charafi a soudainement changé la teinte du conseil municipal. Parlant cette fois pour son compte, l’élu du groupe d’opposition a déclaré: «Sur les panneaux d’affichages, j’ai fait le constat de l’émergence, comme par le fait de magiciens ou magiciennes, des affiches du Rassemblement national. J’ai vu et j’ai même filmé des militants [du PCF] qui collent en toute complicité, voire même en collaboration solidaire avec les militants du Rassemblement national.»
«Ce sont des insultes !» a rétorqué Hubert Wulfranc, le conseiller municipal et député de Seine-Maritime ne masquant pas son énervement.
Brahim Charafi a tenu à poursuivre: «Je ne dis pas qu’il y a quelque chose de structuré mais qu’auparavant, ces affiches étaient cachées […]. Est-ce normal ?»
 En tant que responsable du groupe communiste, Pascal Le Cousin a directement interpellé M. Charafi. «C’est aberrant de dire qu’il y aurait une connivence entre les communistes et les fascistes. Où avez-vous été chercher ça ? C’est une insulte aux militants communistes et aux résistants fusillés par les nazis et le fascisme.»
Le maire Joachim Moyse a également disqualifié les propos de l’élu: «Ce sont des insinuations et des mensonges.» 
Johan Queruel pour le groupe Rouvray debout, a qualifié ces propos «d’inadmissibles». «En attaquant les communistes, c’est toute la majorité que vous attaquez. Votre groupe ne cesse de nous prêter des paroles et actions jamais tenues ou faites. La fiente de la mouette rieuse n’atteindra jamais les coraux dans l’océan.»
Reprenant son tour de parole, l’élu a ensuite apprécié la commémoration en 2021 des 150 ans de la Commune de Paris, et condamné «la dérive autoritaire de Macron».

Le “prix payé pour l’humanité”

La sortie de l’élu de l’opposition a fait réagir jusque dans la dernière demi-heure de la séance. Présentant la délibération visant à accorder une subvention exceptionnelle de 5.600 euros au Planning familial, la conseillère municipale déléguée à la santé et au suivi du Contrat local de santé (CLS), Marie-Pierre Rodriguez, a donné un témoignage fort. «Je vais prendre deux minutes à l’assemblée pour évoquer deux personnes, mon arrière-grand-père arrêté pour faits de résistance en 1942, déporté à Buchenwald et mort en 1945 parce qu’il avait distribué des tracts et collé des affiches anti-fascistes. Claudine Guérin, agent liaison d’un responsable départemental du Parti communiste en Seine-Inférieure. Elle avait 17 ans quand elle a été déportée avec d’autres femmes qui, en arrivant à Auchwitz, ont chanté La Marseillaise.» Et le maire de répondre pour la majorité: «C’est un témoignage du prix payé pour l’humanité par une partie de ceux qui ont travaillé à libérer notre pays de cette idéologie fasciste et nazie. Y être associés en nous amalgamant ainsi, c’est scandaleux.»

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