Une exposition dédiée aux déporté·es de Saint-Étienne-du-Rouvray

En septembre, l’atelier Histoire et patrimoine de la Ville présente une exposition sur les déporté·es de Saint-Étienne-du-Rouvray. Des noms rendus à la vie. 

Article paru dans Le Stéphanais n°297

Pour certains, c’est de l’histoire ancienne ou ignorée, de simples noms sur un monument aux morts, une plaque de rue ou un équipement municipal. La piscine Marcel-Porzou, la résidence Louis-Moison, les rues du Docteur-Gallouen, Madeleine-Le Quellec, ou Julienne et Yvon-Bonnard… On passe devant sans y penser, sans chercher à en savoir plus que les quelques mots gravés près des noms : résistants, déportés, victime de la guerre. Qui étaient-ils, que faisaient-ils avant (et après, pour ceux qui ont survécu) d’être engloutis par l’Histoire, figés dans une posture héroïque et dramatique ?

Dans l’exposition qui a commencé le 5 septembre au centre socioculturel Georges-Déziré, cinquante de ces noms parfois oubliés retrouvent une vie, une histoire personnelle, parfois un visage quand une photo a pu être retrouvée. Titrée « Seconde Guerre mondiale et déportation : les déporté·es de Saint-Étienne-du-Rouvray », l’exposition présente quarante-six hommes et quatre femmes qui ont connu la déportation. Dix-huit sont morts dans ces camps. Ils ont tous un lien avec Saint-Étienne-du-Rouvray, parce qu’ils y sont nés, y ont vécu, travaillé ou milité. Beaucoup de cheminots, de membres du Parti communiste, plus ou moins engagés dans la Résistance.

Un minutieux travail de recherche

Cette exposition est le fruit du travail de l’atelier Histoire et patrimoine de la Ville. Ses membres, historiens amateurs, ont voulu reprendre un travail commencé en 2015 avec la publication du livre Vivre, survivre, résister, sur la vie quotidienne à Saint-Étienne-du-Rouvray pendant la Seconde Guerre mondiale. Coordinateurs de l’exposition, Catherine Voranger et Yvon Rémy a mené pendant plusieurs mois un minutieux travail de recherche pour écrire des textes et rassembler des photos, reconstruire le puzzle en noir et blanc de ces existences brisées par le nazisme. De Auvray (Marceau) à Vallée (Marius) dans l’ordre alphabétique, chacun de ces cinquante portraits présente le maximum d’informations biographiques, les faits de résistance, les lieux et circonstances de l’arrestation, de la déportation, parfois de la dénonciation. Les noms de ces camps synonymes d’enfer sur Terre. Puis la mort ou le retour de déportation, la vie qui reprend.

Le ton de ces textes est sobre, factuel, sans pathos mais empathique par la justesse méticuleuse des informations recueillies. Quand elle parle de tous ces déportés, Catherine Voranger, elle-même petite-fille de résistant envoyé en déportation, est souvent émue par leur jeunesse ou la dureté de ce qu’ils ont vécu. « Tous les ans, quand on trouve des thèmes de recherche avec l’atelier histoire et patrimoine, certains m’intéressent plus ou moins. Celui-là, je le creuse encore et encore, pour moi c’est à part », dit-elle. Prendre le temps de découvrir cette exposition en lui accordant le temps qu’elle mérite sera aussi une expérience à part.

FOCUS : Déportés et résistants

Parmi les cinquante figures de déporté·es de l’expo, beaucoup l’ont été pour des faits de résistance, qui vont de la simple distribution de tracts au sabotage ou à l’espionnage. Émile Valence, né à Saint-Étienne-du-Rouvray et mort en déportation, faisait même partie du maquis des Diables noirs, un groupe de résistants créé à Saint-Denis-le-Thiboult.

Les juifs, premières victimes de la déportation, étaient peu nombreux à Saint-Étienne-du-Rouvray. Un seul Stéphanais a été déporté en raison du statut des juifs pendant l’occupation : Mayer Siboni, marchand de tissus et figure locale, arrêté en 1942. À son retour de déportation deux ans plus tard, il allait reprendre son commerce en ville. Le docteur Weil, lui, avait fui la ville à temps pour échapper à l’occupation allemande et s’était engagé dans la Résistance dans le Sud de la France.

L’histoire de la famille Papillon est moins glorieuse : le père, cultivateur à Saint-Étienne-du-Rouvray, s’est tristement illustré en dénonçant sept personnes de son voisinage, dont certaines parties en déportation. Le fils, parti travailler en Allemagne, est mort dans un camp polonais à l’âge de 22 ans.

À SAVOIR : Une exposition ambitieuse : quoi, quand et où ?

L’exposition de l’atelier Histoire et patrimoine se tient au centre socioculturel Georges-Déziré du 5 au 26 septembre. En complément est présentée une seconde exposition de quatorze panneaux plus générale sur le nazisme et la déportation, en partenariat avec la FNDIRP (Fédération nationale des déportés, internés, résistants, patriotes).

  • Vernissage de l’exposition mercredi 7 septembre à 18h dans le hall du centre socioculturel Georges-Déziré.
  • Vendredi 16 septembre à 18h, salle Devos, conférence de l’historien normand Alain Alexandre sur le thème « Les déportés de la vallée du Cailly ». Après la conférence, les membres de l’atelier Histoire et patrimoine échangeront avec le public.

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