Le Château blanc à Saint-Étienne-du-Rouvray, les Hauts-de-Rouen, ou encore Grammont-Sablière à Rouen. Jusqu’à fin février, une exposition montrant la disparition et renaissance de plusieurs quartiers populaires est visible à la Maison de l’architecture de Normandie.
Cette exposition intitulée Derniers regards avant disparition est le résultat d’un long travail de la photographe rouennaise Marie-Hélène Labat. De 2004 à 2016, elle a passé plusieurs années à documenter l’évolution de ces rénovations urbaines. Elle est allée à la rencontre des habitants avant la destruction de ces grandes barres d’immeubles vétustes construites dans les années 1950 et 1960.
C’est ce temps d’attente avant leur départ contraint et la fin d’une époque de leur vie que la photographe a voulu capter dans une dimension à la fois mémorielle et artistique. « Le fait de passer beaucoup de temps avec les habitants m’a donné une certaine liberté et cela m’a inspiré pour faire autre chose », explique Marie-Hélène Labat.
Pour Anne Le Bellégo, directrice de la Maison de l’architecture de Normandie, cette exposition interroge sur la place de l’architecture : « Un logement, c’est un moment de vie. Ces photos et témoignages posent la question de comment on construit et on habite la ville. Car l’architecture marque les époques et les personnes. Aujourd’hui avec l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine créée en 2004), l’architecture s’accompagne d’un dialogue avec les habitants. »
La nature de retour
Depuis, ces grands ensembles défraîchis, mal isolés et dégradés avec le temps ont été remplacés par des petites maisons à deux étages avec moins d’habitants et un cadre de vie accordant plus d’importance à l’environnement.
Marie-Hélène Labat a aussi réalisé une série de photos intitulée « Adopter un arbre » avec des habitants photographiés de dos face à un arbre. Car pour cette photographe, « on ne quitte pas seulement un logement mais un environnement. C’est une façon de dire qu’il faut redonner de la place à la nature qui reprend ses droits après en avoir été chassée au XXe siècle. » Une dimension fondamentale dans ces quartiers populaires pleins de vie où les enfants sont plus souvent dehors que ceux habitant les centres-villes.