Devoir de mémoire – biographie de Joseph DESSAILLY

Fiche d’identité

Naissance : 17 janvier 1873, Canteleu (76).
Décès : 30 mai 1915 (42 ans), Neuville-Saint-Vaast (62).
Profession : couvreur.
Grade : soldat, 236e Régiment d’Infanterie, classe 1893.
Campagne contre l’Allemagne : 14 août 1914 au 30 mai 1915 (9 mois).

À quoi ressemblait-il ?

Joseph Dessailly mesurait 1m61. Il avait le crâne rasé et les yeux bleus.
Il avait un niveau d’instruction primaire, ce qui signifie qu’il avait terminé l’école primaire à 13 ans, sans passer le certificat d’études.
Il était marié à Ernestine Pallier et habitait à Saint-Étienne-du-Rouvray.

Biographie

Joseph Albert Dessailly naît le 17 janvier 1873 à Canteleu (76), d’une mère journalière, veuve depuis deux ans. Son père le reconnaît au bout de quelques semaines et lui donne son nom. La famille vient s’installer à Petit-Quevilly (76), où Joseph Dessailly grandit et devient couvreur. En 1892, alors âgé de 19 ans, il se marie avec sa voisine, Ernestine Pallier, une ouvrière de filature de deux ans sa cadette…enceinte de 7 mois ! Les archives nous apprennent à l’occasion que le père du jeune homme est porté disparu. Leur tout premier fils, Félix, naît deux mois plus tard. En 1893 et 1895, le couple perd deux autres fils, âgés de 3 mois et 17 jours. À la fin de l’année 1895, Joseph Dessailly (22 ans), part à l’Armée, afin d’effectuer son service militaire de deux années, au sein du 26e B.C.P. (Bataillon de Chasseurs à Pieds). En 1898, le couple donne naissance à un dernier fils, Albert. Durant la période qui suit, la famille emménage à Grand-Quevilly (1909).

Au début du mois d’août 1914, la guerre éclate et les troupes sont mobilisées. Félix, le fils aîné de Joseph Dessailly, est alors au service militaire et fait partie des premiers soldats envoyés au front. Le 14 août, Joseph Dessailly, alors âgé de 41 ans, rejoint le 22e R.I.T (Régiment d’Infanterie Territoriale). Il s’agit d’un régiment de réserve, composé essentiellement de soldats rouennais d’une trentaine ou d’une quarantaine d’années. Ceux-ci, très éloignés de leur période de service militaire, ne sont initiallement pas supposés participer aux batailles. La réalité des débuts de la guerre va néanmoins rapidement modifier la donne. Quatre jours après son arrivée au corps, Joseph Dessailly et ses camarades remontent au nord, vers Arras puis se rendent dans la Somme. Ils ne connaissent leurs premiers combats qu’à la fin du mois de septembre 1914. Par la suite, le 22e R.I.T. circule entre la Somme et la Champagne, où il se partage entre offensives et travaux d’aménagement de tranchées. Le 15 mars 1915, Joseph Dessailly est affecté au 23e R.I.T., un autre régiment de réserve engagé dans la Marne. Le secteur est alors relativement calme.

Les archives ne sont pas claires sur la suite et des informations sont manquantes. Néanmoins, il semblerait qu’à une date inconnue, Joseph Dessailly rejoigne un nouveau régiment, le 236e R.I. C’est avec lui qu’il se trouve près de Neuville-Saint-Vaast, le 30 mai 1915, pour la grande offensive qui doit être menée contre les Allemands dans la région. À 16h, l’attaque est lancée, sous un déluge de feu. Les mitrailleuses ennemies fauchent les soldats les uns après les autres. Si le Journal de marche du 236e R.I. n’évoque pas le nombre de victimes ce jour là, Joseph Dessailly est néanmoins porté disparu, à 42 ans.

Son épouse, Ernestine, ne reçoit l’avis de disparition que le 23 août 1915, transmis par la mairie de Saint-Étienne-du-Rouvray (il
semblerait que le couple se soit installé dans la commune vers 1914). Son décès n’est officiellement reconnu qu’en 1921. Ernestine Dessailly n’est donc officiellement veuve de guerre que 6 ans plus tard…

Citation posthume au Journal Officiel de la République Française, 2 août 1922 : « Soldat courageux et dévoué. A
été tué glorieusement à son poste de combat, le 30 mai 1915, à Neuville-Saint-Vaast ».

Qu’est devenu son fils aîné ?

Félix Dessailly, âgé de 22 ans au début de la guerre, est promu caporal puis sergent au sein du 155e R.I. Le 20 juin 1915, trois semaines après la disparition de son père, le jeune homme est grièvement blessé aux jambes par un éclat d’obus. Amputé de la jambe gauche, il reçoit la Médaille militaire, la Croix de guerre et sera nommé Officier de la Légion d’Honneur en 1949.


Sources : fiche matricule, fiche MdH, actes de naissance, de mariage et de décès, état civil de Petit-Quevilly, Livre d’Or de Saint-Étienne-du-Rouvray, J.M.O et Historique régimentaire des 22e et 23e R.I.T. et du 236e R.I.
Autrice : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie et Aurélien MOULINÉ, 3eD, collège Paul Eluard, 2024.