Louis Aragon a confié aux Stéphanais les bijoux créés par sa compagne Elsa Triolet entre 1929 et 1932. Les 56 pièces de cette collection comprenant 41 colliers, 12 bracelets, une ceinture, une paire de boucles d’oreilles ainsi que la valise dont se servait le poète pour aller démarcher les grands couturiers sont depuis 1981 conservés par la Ville et montrés au public dans une exposition permanente à la médiathèque Elsa-Triolet …
Un hommage à l’une des premières
bibliothèques Elsa-Triolet
C’est en effet en 1949 que Raymonde Lefebvre, jeune militante stéphanaise de l’Union des femmes françaises, rencontre Elsa Triolet lors d’un congrès du mouvement à Marseille.
L’époque est à la « Bataille du livre », le mouvement initié par le PCF en faveur de la création de bibliothèques dans les milieux ouvriers et populaires.
Impressionnée par le discours d’Elsa Triolet, Raymonde Lefebvre rassemble 142 livres et crée, à son retour de Marseille, la toute première bibliothèque de la ville, dans le quartier du Madrillet.
Les échanges épistolaires se poursuivent entre les deux femmes. Elsa, puis Aragon, après le décès de celle-ci en 1970, ne cesseront de veiller sur l’évolution et les déménagements de cette première bibliothèque Elsa-Triolet. Ils lui offriront de nombreux livres.
En 1981, Jean Ristat, le secrétaire de Louis Aragon, remet au nom de ce dernier la fameuse valise et son contenu exceptionnel à l’œuvre de madame Lefebvre. En 1987, la bibliothèque Elsa-Triolet reconstruite de neuf et l’ensemble de ses fonds deviennent municipaux.
Des bijoux très demandés
Ces bijoux ont été exposés de nombreuses fois ; d’abord en 1972 lors d’une grande rétrospective Elsa Triolet à la Bibliothèque nationale de France, puis à Saint-Étienne-du-Rouvray à plusieurs reprises en 1987, 1996… Et plus récemment, d’octobre à décembre 2018, avec le parrainage du ministère de la Culture.
Les bijoux d’Elsa sont désormais très demandés par les musées. La Ville en a prêté, en 2004, à l’occasion d’une exposition consacrée à la créatrice Elsa Schiaparelli au musée de la Mode à Paris.
Ils étaient en Belgique en 2007 au Grand-Hornu pour une exposition consacrée aux bijoux de haute couture. En 2014, une autre exposition leur était entièrement consacrée à Villefranche-sur-mer, puis en 2015 et 2017 à Évreux et à Dieppe…
La Ville a réalisé un important travail de conservation et de restauration qui permet à cette collection d’être aujourd’hui admirée par le plus grand nombre.
Depuis octobre 2024, les bijoux sont montrés en permanence aux visiteurs de la médiathèque Elsa-Triolet, dans cinq vitrines spéciales.
Histoire des bijoux d’Elsa
Entre 1929 et 1932, la jeune écrivaine Elsa Triolet réalise des bijoux de mode pour le compte de la haute couture.
Ses créations se caractérisent par une originalité et une grande diversité des matériaux et des formes : noix de coco, os, pâte à papier mâchée, métal, strass, nacre, porcelaine, perles, bakélite… mais aussi de façon plus inattendue cuir ou boules de cotillon !
Cependant les titres donnés par Elsa à ses créations évoquent plus souvent l’aspect que les matériaux réellement utilisés. Par exemple la noix de coco s’est révélée être du cuir gratté et la porcelaine est en fait de la pâte de verre.
La Ville a consacré un hors série au Stéphanais lors de l’exposition des bijoux présentée au Rive Gauche du 13 octobre au 16 décembre 2018.
À LIRE DANS LES BIBLIOTHÈQUES
- Le Parurier, le livre de l’exposition du musée du Grand-Hornu consacrée aux bijoux de la haute couture, de Florence Müller et Patrick Sigal. Il existe une version anglaise de cet ouvrage, aux éditions Fonds Mercator.
- Colliers, dans les Œuvres romanesques croisées d’Elsa Triolet et Louis Aragon, tome XL, Elsa Triolet y raconte cet épisode de sa vie, les grands couturiers, les petits façonniers.
• Les biographies consacrées à Elsa Triolet de Dominique Desanti ou Lily Marcou.
• Tous ses romans : Le premier accroc coûte 200F, Bonsoir Thérèse, Le rossignol se tait à l’aube, Les amants d’Avignon, Luna park, L’âge de nylon, Roses à crédit, Le cheval roux, Le monument…