Si les Stéphanaises et Stéphanais ne peuvent pas se rendre à la médiathèque, c’est la médiathèque qui vient à eux. Depuis 2012, la Ville propose un service de portage de livres à domicile. C’est gratuit, à raison d’une livraison toutes les six semaines, et ça créé de belles rencontres. Suivi, en images, d’un après-midi de portage.
Photos : Loïc Seron
1 – Mardi 25 février à la médiathèque Elsa-Triolet, 13h30. Laurence Dalmont et Cécile Leroy s’apprêtent à partir pour leur traditionnelle tournée de portage de livres à domicile. En charge de la section adultes des médiathèques stéphanaises, les deux bibliothécaires effectuent une livraison toutes les 6 semaines.
Il leur faut entre une et deux heures pour collecter l’ensemble des livres et magazines qu’elles vont livrer dans l’après-midi. Les ouvrages sont sélectionnés en fonction des demandes qui leurs sont faites, mais Laurence et Cécile font aussi des propositions à partir des retours des lectrices… Eh oui messieurs ! Il n’y a que des femmes inscrites au portage à domicile.
2 – À bord de leur Renault Kangoo municipal très adapté pour empiler les quatre caisses débordantes de livres, Cécile et Laurence vont sillonner les rues de Saint-Étienne-du-Rouvray pendant un peu plus de trois heures. Elles ont d’ores et déjà appelé chacune des habitantes par téléphone pour confirmer leur visite. En route pour neuf livraisons, dont trois auprès de nouvelles inscrites.
3 – Madame Desjardins attendait la visite de Laurence et Cécile. Elle leur a jeté ses clefs depuis sa fenêtre afin de faciliter leur entrée dans l’immeuble. Lectrice de longue date, la Stéphanaise s’est régulièrement rendue à la bibliothèque pendant des années. “J’ai quitté l’école à 14 ans, alors la bibliothèque a remplacé l’école”, explique la femme de 88 ans qui bénéficie du portage de livres depuis un peu plus de trois ans.
Désormais complices, Cécile et Laurence prennent des nouvelles de la famille de leur hôte, et tout le monde va bien ! Elles échangent les six anciens livres contre six nouveaux, un Sophie Tal Men remplace un Marie de Palet. Quelles histoires préfère madame Desjardins ? “Ça dépend des personnages, ce que j’aime avec un livre, c’est entrer dans autre un monde, détaille-t-elle. En ce moment, je préfère éviter les choses tristes. Je préfère la légèreté”. “La prochaine fois, on vous rapporte huit livres !”, sourient Cécile et Laurence qui devinent que les six nouveaux livres vont être vite dévorés. “Vous revenez quand ?”, rétorque madame Desjardins, “Prochain passage le 1er avril !”, “Ce ne sera pas une blague j’espère !”
4 – Nouvelle maison, même procédé ou presque : la propriétaire des lieux guettait l’arrivée du duo par la fenêtre. Elle a fait signe d’entrer.
5 – “Je suis contente de vous voir !”, sourit Madame Delaporte qui a déjà rassemblé les livres et les magazines qu’elle doit rendre. Au programme des six semaines à venir : “Un cœur de trop” signé Brina Svit, un livre d’une autrice slovène dont l’action se déroule en Slovénie. Pour madame Delaporte, c’est une manière de voyager en même temps que sa famille qui s’est rendue dans ce pays d’Europe centrale.
Pour la prochaine fois, elle aimerait si possible pouvoir lire “L’Aller simple”, le livre de Naomie Benasser sur la vie de son grand-père stéphanais. Une idée qui lui a été soufflée par “Le Stéphanais”, le journal municipal dont elle a laissé un exemplaire sur sa table. Pour le reste, elle continue de faire confiance à Laurence et Cécile : “Je suis mieux servie par vous que par moi !”, assure la Stéphanaise. Vivement la prochaine fois, le 1er avril donc. “Et ce ne sera pas une farce !”
6 – Au bout d’une petite allée, Cécile et Laurence toquent à une porte qu’elles ont souvent franchie, mais cette dernière reste close. Toc toc toc ! Qui est là ? C’est le service public stéphanais qui vient vous réveiller pendant la sieste. “Bonjour, c’est la bibliothèque !”, ose Cécile. Une ombre s’anime derrière la porte. Ouf !
7 – À peine réveillée, Madame Lesueur n’est pas rancunière et affiche même un visage rayonnant. Laurence et Cécile ne lui ont apporté que des magazines. “C’est mon fils qui me les lit !”, explique la Stéphanaise plutôt fan de “Modes et Travaux”, et qui fait remarquer aux bibliothécaires que les camélias sont encore en fleur.
8 – “Y’r’pleut” comme on dit en Normandie, mais pas de quoi entacher la détermination de Céline et Laurence. Le duo accomplit sa mission quelles que soient les conditions météo, avec le sourire en prime.
9 – De retour dans le haut de la ville, place de la Fraternité. C’est à deux pas de la médiathèque, mais déjà trop loin pour les prochaines usagères qui vivent dans la résidence médico-sociale voisine.
10 – Peut-être un peu intimidée par cette première visite de Laurence et Cécile, cette nouvelle inscrite au service de portage de livres ne décroche pas immédiatement de la télévision à l’arrivée du duo. Installée à la résidence du Château blanc depuis à peine un mois, elle est néanmoins heureuse de se voir proposer des romans de toutes sortes, “pour m’évader”. Elle a d’ailleurs un faible pour ceux qui sont “bien écrits et joyeux”.
11 – Au détour d’un couloir, Cécile et Laurence tombent sur monsieur Montébrun en pleine livraison du courrier à ses co-résidents. Ayant appris l’existence du portage de livres à domicile lors d’une récente visite à la médiathèque Elsa-Triolet, c’est lui qui a permis à trois de ses voisines de s’inscrire au dispositif municipal.
12 – Comme il est large et chaleureux le sourire de Madame Yzet ! “Ah ça va me distraire ! Même si j’ai beaucoup de visites, je n’avais plus rien à lire”, se réjouit-elle en accueillant Laurence et Cécile. Elle a plaisir à découvrir ce que les bibliothécaires ont sélectionné pour elle. Entre autres : “Qu’à jamais j’oublie” de Valentin Musso et “Crime sur le lac Léman” de Christian Jacq. “Ah j’aime les romans policiers !”, confirme madame Yzet.. “Ça ne vous dérange si c’est sanglant ? ” ; “Oh pas trop non plus ! Sinon ça va me remuer là-dedans, grimace la résidente en pointant du doigt son lit derrière elle. Il y a quelque chose à donner ?” “Non, c’est gratuit !”, répondent Laurence et Cécile.
“Alors ça c’est agréable !”, s’exclame Madame Yzet, d’humeur volubile. “J’en profite tant que vous êtes-là ! Ici les gens sont très gentils, la cuisine ça va bien aussi. On a tout !” Puis elle montre le portrait de son père, tué à la guerre en 1940 alors qu’il n’avait que 32 ans et évoque aussi le souvenir de son mari. “Il me manque énormément”, confesse-t-elle tandis qu’un voile de tristesse se pose sur son regard rieur. “Mais je suis contente que vous soyez passées, et vous êtes très belles ! À dans 6 semaines !”
13 – De son côté, Madame Casseto, aime plutôt les classiques de la littérature française : Zola, Hugo, Balzac…. La bagarre, les tueries : très peu pour elle ! Elle aimerait aussi lire des biographies d’auteurs. La commande est passée et cela réjouit la résidente qui a habité au Grand-Quevilly pendant 88 ans.
14 – N’étant toujours pas satisfaite de l’aménagement et de la décoration de sa chambre, madame Cassetto avoue aussi avoir pleuré en arrivant dans la résidence, il y a quatre ans. Aujourd’hui néanmoins, elle trouve à dire de quoi toucher au cœur quiconque a déjà trouvé refuge dans le fait de tourner la page : “On n’est jamais seul quand on a un livre.”
Portage à domicile :
- Pour les personnes ayant des difficultés permanentes ou temporaires pour se déplacer
- Le mardi après-midi sur rendez-vous, les bibliothécaires viennent chez vous pour vous apporter selon vos envies livres, magazines, musique, films.
- Service est gratuit et réservé aux Stéphanais.
- Site internet des médiathèques stéphanaises
Pour plus de renseignements, appelez la médiathèque Elsa-Triolet au 02 32 95 83 68.